La montée en puissance de la Chine oblige l’Afrique à rompre avec Taïwan

 
 
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Le président chinois Hu Jintao (D) accueilli par son homologue du Nigéria Olusegun Obasanjo, à Abuja, le 26 avril 2006 (Photo : Kola Osiyemi)

[07/08/2006 11:04:42] PEKIN (AFP) La reprise des liens diplomatiques entre le Tchad et la Chine, au détriment de Taïwan, est une nouvelle victoire pour le géant asiatique sur le continent noir où sa présence devient incontournable.

Le Tchad, qui a annoncé sa décision dimanche, est le septième pays, dont le troisième en Afrique après le Liberia et le Sénégal, à rompre avec Taïwan depuis 2000 et à normaliser avec Pékin qui considère l’île comme une province renégate.

Pour les analystes, ce nouvel épisode des relations sino-africaines reflète une tendance qui apparaît irréversible à court terme, tant les pays africains éprouvent le besoin de se rapprocher de la Chine, malgré les largesses financières de Taïwan.

“La montée en puissance chinoise sur la scène internationale a fait comprendre aux pays africains que l’établissement de relations diplomatiques avec la Chine était plus important que les liens avec Taïwan”, explique He Wenping, directeur des études africaines à l’Académie des sciences sociales de Chine.

Pour la Chine, l’Afrique n’est pas seulement un champ de bataille diplomatique avec Taïwan. Les objectifs sont pour beaucoup économiques.

“Les Chinois ont envie d’Afrique pour y chercher des ressources naturelles et des débouchés pour leurs produits”, souligne Barry Sautman, professeur à l’Université des sciences et des technologies de Hong Kong.

“Pendant longtemps les produits chinois concernaient surtout l’équipement de la maison. Maintenant, la moitié du commerce avec l’Afrique provient des machines-outils et des produits de haute-technologie”, ajoute ce spécialiste de la Chine.

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Le ministre des affaires étrangères de Taïwan James Huang critique lors d’une conférence de presse à Taipei, la rupture des liens diplomatiques avec le Tchad, le 6 août 2006 (Photo : Patrick Lin)

Le commerce bilatéral a quintuplé les cinq dernières années, pour être évalué à deux fois plus que celui avec l’Asie du sud, pourtant plus proche et plus peuplée, précise M. Sautman.

Le pétrole est évidemment un enjeu de taille pour la Chine à la recherche d’approvisionnement en énergie tous azimuts.

Le Tchad devrait logiquement laisser les Chinois accéder à son or noir et compte sur une extension de l’oléoduc construit par la Chine au Soudan voisin, afin d’évacuer son brut vers Port-Soudan.

Mais ceux qui pensent que la Chine ne vise que les ressources naturelles africaines ont une “vue simpliste” de la question, estime Barry Sautman.

Les nombreuses visites des dirigeants chinois ces dernières années sur le continent, dont trois tournées cette année du président, du Premier ministre et du chef de la diplomatie, ne sont pas que du “shopping”.

La Chine veut y jouer un rôle politique à la mesure de la stature qu’elle se forge. De leur côté, les pays d’Afrique, ceux notamment minés par les guerres civiles et les conflits régionaux, ont besoin de l’appui de la Chine, membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu et doté d’un droit de véto, y compris quand le but est d’échapper à des sanctions internationales.

Dans le cas du Tchad, le gouvernement de N’Djamena espère ainsi que Pékin pourra aider au vote d’une résolution sur le Soudan et convaincre le régime soudanais de cesser d’armer les rebelles tchadiens, par ailleurs jusqu’à présent équipés aussi par les Chinois.

Pour Liu Bi-rung, professeur de sciences politiques à l’Université Soochow de Taïwan, “la décision du Tchad pourrait avoir un effet domino en Afrique”.

“C’est le résultat de l’offensive chinoise en Afrique lancée au début des années 90”, rappelle-t-il.

Taïwan est aujourd’hui reconnu par 24 pays, dont cinq en Afrique et d’autres petits Etats d’Amérique Latine et du Pacifique.

 07/08/2006 11:04:42 – © 2006 AFP