[07/08/2006 18:07:05] SANTIAGO (AFP) Les travailleurs de la plus grande mine de cuivre du monde, Escondida, dans le nord du Chili, appartenant au groupe anglo-australien BHP Billiton, se sont mis en grève lundi, mettant en péril 8% de la production mondiale. “C’est la première véritable grève dans l’histoire de cette entreprise (au Chili). On ne peut pas en prévoir le dénouement. Nous sommes prêts à aller jusqu’au bout”, a déclaré à l’AFP Pedro Marin, porte-parole du syndicat des mineurs d’Escondida. Un arrêt de travail avait eu lieu en 2003, mais n’avait duré que quelques heures. Lundi, l’activité s’est arrêtée à 08H00 locales (12H00 GMT) quand les mineurs du premier quart ont refusé de se mettre au travail. Dans la nuit, les moteurs de production de la mine, qui emploie plus de 2.000 personnes, avaient déjà été éteints. Escondida est la plus grande mine de cuivre du monde avec une production journalière de 3.600 tonnes (1,3 million de tonnes par an), soit 8% de la production mondiale. Rien que pour le Chili, les quantités extraites à Escondida, en plein désert d’Atacama, à 1.300 km au nord de Santiago, représentent entre 20 et 25% de la production nationale de cuivre et génèrent 2,5% du PIB (Produit intérieur brut). Les 2.052 salariés de la mine exigent une revalorisation de leurs salaires de 13% et un bonus de 30.000 dollars. Ils avaient rejeté vendredi une offre de dernière minute de la direction qui leur accordait une hausse salariale de 3% et une prime de 17.000 dollars par mineur. “La position de l’entreprise est très radicale”, a déploré le dirigeant syndical Pedro Marin, soulignant qu’il “n’y avait pas d’activité plus rentable que celle-ci” (le cuivre). “Nous ne demandons que 1% des revenus d’exploitation. Si Escondida n’a pas les moyens (de satisfaire ces demandes), personne ne les a”, a-t-il ajouté. Les syndicalistes soulignent que le prix du cuivre a triplé ces trois dernières années de 80 cents la livre à 3 dollars actuellement, soulignant que leur convention collective avait été négociée il y a trois ans. Un haut responsable de la mine, Mauro Valdès, a qualifié d'”inexplicable” leur comportement car la mobilisation fera perdre 15 millions de dollars par jour à la compagnie et 7 millions au fisc chilien. Selon la presse, l’entreprise aurait embauché un millier de “briseurs de grève” pour remplacer les grévistes. Un millier de mineurs d’Escondida sont prêts à se rendre à Antofagasta, la ville portuaire située à 170 km au nord, pour manifester, selon Pedro Marin. L’embauche de remplaçants ne “permettra de maintenir la production que pendant quelques jours car c’est très difficile de faire fonctionner une mine comme Escondida avec du personnel extérieur”, a estimé Gustavo Lagos, directeur du centre minier de l’Université catholique du Chili. A Londres, la nouvelle de la grève a fait grimper le cuivre à plus de 8.000 dollars la tonne, près de ses records historiques. L'”or rouge”, métal conducteur utilisé dans l’automobile et dans l’électronique, est très demandé ces dernières années sous l’effet de la croissance mondiale et de l’expansion spectaculaire de la Chine. Les principaux clients d’Escondida sont au Japon, en Allemagne, au Canada, au Chili, en Suède, au Brésil, en Corée du Sud et en France. Outre son actionnaire principal BHP Billiton, la mine d’Escondida est également détenue à hauteur de 30% par le groupe minier anglo-australien Rio Tinto, tandis que le groupe japonais Mitsubishi Corporation en détient 10% et le groupe financier International Corporation 2,5%. La grève à Escondida et les problèmes du gisement chilien de Chuquicamata, victime il y a deux semaines d’un glissement de terrain et où la production ne reviendra pas à la normale avant trois mois, ont accru les pressions déjà fortes sur les marchés mondiaux des métaux. |
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