Infineon : la mise en Bourse des mémoires n’obtient pas le succès espéré

 
 
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Des drapeaux du fabricant allemand de semi-conducteurs Infineon, le 16 février à Munich (Photo : Timm Schaberger)

[09/08/2006 15:17:12] BERLIN (AFP) L’entrée en Bourse de Qimonda, la filiale de mémoires du fabricant allemand de semi-conducteurs Infineon, s’est déroulée moins bien qu’espéré, une mauvaise nouvelle pour le groupe de Munich qui a déjà fait un pari risqué en s’en séparant pour stabiliser son activité.

“Nous avons rencontré un environnement de marché difficile”, a reconnu le patron de Qimonda, Kin Wah Loh, dans un communiqué publié dans la nuit de mercredi pour annoncer que le volume de l’opération était divisé de moitié.

Finalement, seulement 42 millions de titres, soit 14% du capital de Qimonda, devaient débuter leur cotation mercredi à la Bourse de New York, au prix unitaire de 13 dollars. Cela représente un volume total de 546 millions de dollars, bien loin du milliard évoqué initialement.

Plusieurs analystes avaient jugé dès le départ le prix trop élevé. Infineon avait fixé une fourchette de 16 à 18 dollars par action. Il était prévu d’en placer 63 millions, dont un tiers fourni directement par le groupe de Munich, le reste provenant d’une augmentation de capital de Qimonda.

Finalement, Infineon se contentera de fournir, si nécessaire, les titres de de l’option de surallocation, soit jusqu’à 6,3 millions, a précisé un porte-parole de Qimonda. Infineon peut ainsi espérer au mieux 81,9 millions de dollars de recettes. Sa part dans Qimonda sera comprise entre 84% et 86%, alors qu’il voulait descendre à 79%.

“Qimonda devrait ainsi rester consolidée plus longtemps qu’initialement prévu et la volatilité des résultats du groupe va se poursuivre”, regrette Thomas Hofmann, analyste à la banque régionale LRP. “En outre, l’apport de liquidités nettement réduit devrait peser de manière sensible sur la stratégie de croissance d’Infineon.”

Le groupe de Munich comptait consacrer les recettes de l’entrée en Bourse à des acquisitions pour renforcer ses autres activités, les puces logiques, des composants utilisés dans le secteur automobile ou les télécommunications par exemple.

Infineon veut à terme sortir complètement des mémoires, dont les résultats sont irréguliers, influencés par une rude concurrence rendant les prix très volatils.

Cette mesure s’inscrit dans un processus d’assainissement engagé en 2004 après un passage de pouvoir tumultueux à la direction. Le nouveau patron Wolfgang Ziebart, au style beaucoup plus discret que son flamboyant prédécesseur Ulrich Schumacher, a pris des mesures parfois douloureuses, cessant plusieurs petites activités.

En décidant fin 2005 d’abandonner les mémoires, il a vraiment taillé dans le vif. Qimonda, société indépendante depuis le 1er mai, emploie 10.500 salariés dans le monde, presque 30% des effectifs du groupe. Sur l’exercice 2004/05 (clos fin septembre), les mémoires ont représenté avec 2,8 milliards d’euros environ 40% de son chiffre d’affaires.

Le syndicat IG Metall a parlé de “démantèlement”. Infineon, qui sur la base des chiffres d’affaires de 2005 pointait au deuxième rang européen des semi-conducteurs derrière le franco-italien STMicroelectronics, va s’enfoncer dans le classement. L’action du groupe pourrait même devoir sortir de l’indice Dax des 30 principales valeurs cotées allemandes.

Les interrogations ont ressurgi après les derniers résultats trimestriels, faisant état de performances nettement plus convaincantes dans les mémoires que dans les puces logiques.

Infineon a surtout des difficultés persistantes dans les télécommunications, où il ne s’est jamais remis des soucis de son ancienne maison mère et principal client, Siemens. Même après la reprise par le taiwanais BenQ des téléphones portables de Siemens, la demande de composants reste faible et Infineon y perd toujours de l’argent.

 09/08/2006 15:17:12 – © 2006 AFP