[10/08/2006 08:02:07] BEYROUTH (AFP) Les bombardements israéliens ont porté un coup fatal aux espoirs de redressement d’une économie libanaise convalescente, qui aura besoin de dix milliards de dollars pour redémarrer, selon les experts. Après un mois de bombardements, “le Liban a besoin de dix milliards USD pour la reconstruction des immeubles, des infrastructures et du tissu industriel, et pour accorder des facilités financières aux milliers de sociétés menacées de faillite”, a estimé l’économiste Marwan Iskandar. Depuis la fin de la guerre (1975-90), le Liban avait dépensé des milliards de dollars pour reconstruire son infrastructure. Le centre historique de Beyrouth, en ruines, a été refait à neuf par le Premier ministre Rafic Hariri, un entrepreneur milliardaire, assassiné en 2005. La croissance qui était cette année sur la voie de la reprise (+6% au premier semestre de cette année contre +2% seulement en 2005) s’est arrêtée net, avec un manque à gagner de 1,5 md USD, selon M. Iskandar. Envolé également l’espoir de maintenir une balance des paiements excédentaire grâce notamment à l’afflux des capitaux des pays arabes du Golfe. La balance des paiements avait en effet enregistré un excédent historique à 1,8 md USD au premier semestre, poursuit M. Iskandar, alors que “le meilleur excédent enregistré sur une année, en 1993, s’était élevé à 1,3 md”. La saison estivale qui s’annonçait prometteuse avec 1,6 million de touristes (+40% sur 2005), s’est évanouie, jetant au chômage 60% des 200.000 employés du secteur. Les festivals culturels de Baalbeck, Beiteddine et Byblos, fierté du monde arabe, ont été annulés. Selon l’ordre des ingénieurs, la reconstruction des habitations dévastées par les bombardements israéliens coûtera 2,4 milliards de dollars. Pour l’économiste Ghazi Wazni, “l’agression israélienne a provoqué l’effritement du tissu social, illustré par le déplacement d’un million de personnes, et a aggravé le déficit des finances publiques qui accuse un manque à gagner de 600 millions de dollars alors que les dépenses ont augmenté de 400 M USD”. “Au total, les pertes pour le pays se montent à environ 6 mds USD, un montant énorme pour un pays qui ploie sous une dette de 40 mds USD”, résume M. Iskandar. Selon lui, les petites sociétés touristiques, commerciales et industrielles et les exploitations agricoles, dont l’activité a cessé, sont menacées de faillite. “Leur survie dépend de l’octroi de crédits de 2 à 2,5 mds USD à des taux préférentiels afin que le cycle économique puisse être relancé dès la fin des hostilités”, estime-t-il. Cet expert souligne que les investissements avaient atteint environ 3 mds USD pendant le premier semestre de l’année. “Aujourd’hui, les investissements ont cessé et pire, des projets immobiliers d’une valeur de 3,5 milliards de dollars à Beyrouth et dans ses environs ont été annulés et ne devraient reprendre qu’avec le retour d’une paix durable et solide”, assure-t-il. Selon des banquiers, “le secteur bancaire, qui a bien encaissé le contrecoup de la crise, a vu ses dépôts, estimés à 60 mds, fondre de 1,5 md USD en raison des sorties de capitaux. Toutefois, la livre est restée stable, la Banque du Liban disposant de 13 mds USD d’avoirs en devises”. Pour M. Wazni, “le manque de confiance dans l’avenir a provoqué l’exode de plusieurs sociétés libanaises et étrangères, et celui de jeunes cadres surqualifiés”. Mais pour M. Iskandar, la plus grosse perte sera le report de la conférence internationale, prévue en 2006 avec la participation des bailleurs de fonds du Liban pour soutenir le plan des réformes. Ces réformes prévoyaient notamment des privatisations qui auraient dû assurer quelque 4 mds USD sur deux ans” à l’Etat. “Au lieu de s’atteler au redressement des finances publiques, nous sommes contraints aujourd’hui de déblayer les décombres, réparer le réseau routier et faire face à la crise des déplacés”, déplore M. Iskandar. |
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