L’automobile américaine cherche ses remèdes et veut éviter les délocalisations

 
 
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Des centaines de voitures sur le parking d’une usine de Ford, à St Paul, le 13 avril 2006 (Photo : Cory Ryan)

[10/08/2006 08:51:40] TRAVERSE CITY (AFP) L’industrie américaine de l’automobile affiche son optimisme pour contrer l’avancée des rivaux étrangers, plus compétitifs, en misant sur la traque aux économies et sur des produits séduisant la demande plutôt que sur les délocalisations.

Réunis pour leur séminaire annuel à Traverse City dans le Michigan (nord), berceau historique de l’automobile, les industriels du secteur ont placé leur rencontre sous le signe du changement.

“Pendant des années, nous avons parlé de ce changement et le secteur est désormais réellement dans cette période”, estime David Cole, président du Center for Automotive Research (Car). “Nous sommes toujours en crise, mais un point positif est que nous avons développé un sens de l’urgence pour trouver les remèdes à nos maux”, selon lui.

Depuis plusieurs trimestres, les “Big 3”, GM, Ford et Chrysler, voient leurs parts de marché diminuer au profit des rivaux asiatiques, japonais en tête.

Les Américains ont toujours aimé les gros véhicules de type pick-up et 4×4. Mais la montée régulière des prix du carburant les a fait se tourner vers des modèles plus économiques, une aubaine pour Toyota, Honda et Nissan.

“Nous sommes étranglés par les coûts élevés des matières premières et de l’énergie, mais aussi par nos coûts salariaux”, s’est défendu M. Cole.

Parallèlement, “deux changements sont intervenus au niveau de la demande”, a reconnu le patron de Ford Amérique du Nord, Mark Fields: “les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux économies d’énergie et veulent des véhicules propres, tandis que la génération des baby-boomers est en train de revoir son mode de vie à la baisse et se tourne vers de plus petits véhicules”.

Cependant selon un observateur du secteur, “ces maux ne sont pas nouveaux, c’est plutôt le manque de réactivité des ‘Big 3’ qu’il faut blâmer”.

Le secteur entend se battre sur deux fronts et ne veut pas se tourner vers les délocalisations, car “ce n’est pas la solution à tous les problèmes”, martèle Linda Hasenfratz, directrice du cabinet conseil Linamar.

Plusieurs intervenants ont souligné leur préférence pour l’investissement dans la recherche et le développement pour faire à terme la différence en matière de qualité. D’autres ont plaidé pour des aides gouvernementales aux entreprises.

“Le bon choix, c’est de construire des véhicules économes en carburant tout en éduquant les consommateurs sur la qualité de nos produits”, selon Eric Ridenour, patron de l’exploitation (COO) chez Chrysler.

Même credo affiché par Mark Fields, selon qui “le constructeur qui sait écouter les consommateurs est celui qui gagnera des parts de marché”.

“Il faut aussi réduire la voilure pour être plus compétitif”, affirme Linda Hasenfratz citant en exemple les lourdes restructurations entreprises par GM et Ford avec la suppression à terme de 30.000 emplois et la fermeture de plusieurs usines.

Les “Big 3” perdent de l’argent par rapport aux Japonais au niveau de leur chaîne de production, renchérit Laurie Harbour-Felax, du cabinet conseil ASG Renaissance. “Il faut se concentrer sur les petits et moyens fournisseurs”, indique-t-elle, ajoutant que “c’est le prochain cheval de bataille de ce secteur”.

La consolidation chez les fournisseurs est évoquée par de nombreux industriels comme la poursuite d’un processus déjà amorcé: de 30.000 en 1990, ils seront 4.000 en 2010, selon M. Cole.

Réduire ces coûts de fonctionnement est une chose, mais “les coûts salariaux sont l’autre volet de la solution”, souligne Dick Dauch, patron de l’équipementier American Axle, sachant que “ce sera un processus de long terme car il faut changer des acquis et personne n’aime le mot +concessions+”.

 10/08/2006 08:51:40 – © 2006 AFP