Deutsche Telekom très vulnérable au syndrome de l’ex-monopole

 
 
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Le logo de Deutsche Telekom sur le siège social de l’entreprise à Bonn (Photo : Henning Kaiser)

[10/08/2006 13:23:41] BERLIN (AFP) Exode des abonnés, guerre des prix, bénéfices en baisse: Deutsche Telekom souffre des maux communs aux ex-monopoles des télécommunications, mais sa taille et sa position de numéro un européen le rendent encore plus vulnérable, comme l’ont montré ses résultats publiés jeudi.

Le groupe allemand clôt la série des résultats trimestriels des grands groupes de télécommunications européens. Et comme pour nombre de ses homologues, les mauvaises nouvelles ont la part belle dans ses annonces.

Le bénéfice net trimestriel a chuté de 14%, l’excédent brut d’exploitation (Ebitda ajusté) de 7%. Le chiffre d’affaires a affiché une maigre croissance (+3%), entièrement tirée par l’étranger alors que les activités en Allemagne ont reculé de 4%.

La punition a été immédiate à la Bourse de Francfort: à 09h42 GMT, l’action chutait de 8,20% à 11,09 euros, et plusieurs maisons de courtage avaient déjà abaissé recommandation et objectif de cours.

Mercredi Swisscom, qui a également publié des résultats en baisse, mentionnait la “concurrence intense” sur ses marchés. Fin juillet le directeur financier de France Télécom évoquait “une très forte intensité concurrentielle”. Chez Telecom Italia la croissance peine aussi, Telefonica s’en sort grâce à des acquisitions.

Comme en écho, Deutsche Telekom évoque jeudi “la pression concurrentielle croissante sur ses trois activités stratégiques” en Allemagne. Et en premier lieu sur la téléphonie fixe, qui souffre de la double concurrence des nouveaux entrants et du portable. Contrairement au britannique BT, Deutsche Telekom ne parvient pas à retenir ses clients en les faisant migrer vers d’autres technologies au sein du groupe.

Les mauvaises nouvelles prennent chez le géant Deutsche Telekom une autre dimension que chez ses concurrents.

Ex-monopole du pays le plus peuplé d’Europe, il a encore plus à perdre que les autres de l’érosion de ses parts de marché à la maison. Ainsi, entre avril et juin, ce sont 500.000 abonnés qui lui ont tourné le dos, près de trois fois plus qu’encore au premier trimestre.

Le réveil est aussi d’autant plus dur que le groupe s’était fixé des objectifs ambitieux. Il voulait investir à outrance cette année, pour pouvoir mieux rebondir l’an prochain. Mais il a dû revoir ses plans à la baisse. Il va finalement investir 1 milliard de moins que prévu cette année, son Ebitda sera inférieur d’1 milliard à ses prévisions initiales et stagnera en 2007.

L’année 2006, annoncée comme année de la croissance du chiffre d’affaires et des gros investissements, va se transformer en année de “la rationalisation”.

“Nous devons faire nos devoirs dans notre marché national”, a martelé le patron, Kai-Uwe Ricke jeudi. Semblant donc suggérer que dans un premier temps, les grands projets, notamment d’acquisitions, allaient passer au second plan derrière le redressement du marché domestique.

Même le relais de croissance principal de la société, la filiale américaine de téléphonie mobile T-Mobile USA, marque des signes d’essoufflement. Elle a attiré 613.000 nouveaux abonnés au deuxième trimestre, contre 1,04 million au premier. “Nous ne rattraperons pas complètement au cours de l’année le recul à court terme des gains de nouveaux clients”, a prévenu M. Ricke, manière de dire que T-Mobile USA ne remplira pas ses objectifs annuels.

 10/08/2006 13:23:41 – © 2006 AFP