[10/08/2006 14:44:18] NEW DELHI (AFP) Les deux géants américains de la boisson gazeuse Coca-Cola et PepsiCo, qui ont vu leurs produits interdits à la vente totalement ou partiellement dans six Etats indiens, ont déjà connu dans le passé nombre d’avatars dans ce marché énorme mais difficile. Le nouveau cauchemar de Coca-Cola et PepsiCo a commencé la semaine dernière après la publication d’une étude du Centre for Science and Environment (CSE) selon laquelle leurs sodas contiennent un taux de pesticide inacceptable, ce que les deux compagnies ont réfuté. Les premières mésaventures en Inde des deux sociétés remontent à la fin des années 70. Coca-Cola, qui avait dominé le marché indien depuis 27 ans, avait dû quitter le pays dirigé par des socialistes en 1977 durant une période d’anti-américanisme, après avoir refusé de révéler la formule secrète de sa boisson et de vendre sa filiale à une firme locale. Pepsi, implanté dans les années 50 avant de laisser le champ libre à sa grande rivale, avait dû accepter pour se réimplanter fin 1988 la fabrication locale de son concentré et devenir actionnaire minoritaire pour la première fois de son histoire. Coca avait dû attendre 1993 pour s’attaquer à nouveau à ce marché immense. Mais dès 1994 et pendant des années, la firme d’Atlanta et sa rivale ont dû faire face à des manifestations quotidiennes organisées à l’appel des nationalistes hindous opposés à la politique d’ouverture économique. Au début de la guerre en Irak, en mars 2003, les deux compagnies ont également été visées en Inde car elles incarnaient l’impérialisme. Le coup dur s’était produit en août de la même année, lors de la publication d’une première étude du CSE accusant les filiales indiennes des deux multinationales d’utiliser des eaux polluées pour fabriquer leurs boissons. Cette enquête avait provoqué l’indignation et des manifestations parfois violentes. Les ventes des deux multinationales avaient plongé. Finalement quelques semaines plus tard, le gouvernement, qui avait fait faire ses propres analyses, avait reconnu que les sodas vendus par Coca et Pepsi n’étaient pas dangereux pour la santé. Un an plus tard, Coca, accusée d’épuiser les eaux souterraines et de polluer le sol près de son usine de Plachimada, dans l’Etat du Kerala, avait dû fermer son unité après une vaste campagne. Le chef du gouvernement régional du Kerala, V.S. Achuthanandan, a prévenu mercredi qu’il prévoyait de lancer une action similaire contre une usine de Pepsi dans le village de Puthussery. Depuis que les deux compagnies américaines sont à nouveau implantées en Inde, elles ont perdu de l’argent et doivent batailler dur avec les producteurs locaux de jus de fruit forts appréciés pour capter les adeptes de boissons non alcoolisées dans ce pays de plus d’un milliard d’habitants, avec une classe moyenne estimée à 300 millions de personnes. Les boissons des deux compagnies “restent trop onéreuses pour la plupart des Indiens et ont une image occidentale pas toujours bienvenue”, explique un spécialiste de la consommation. L’utilisation de stars par les firmes – l’acteur Shah Rukh Khan par Pepsi ou Miss Monde Aishwarya Rai par Coca – pour vanter leurs produits n’a eu qu’un succès limité. “L’Inde est un marché différent et les stratégies utilisées ailleurs ne marchent tout simplement pas”, selon un autre expert, Abhijeet Kunda. Coca et Pepsi détiennent environ 95% du marché des boissons non alcoolisées en Inde, selon des chiffres de l’industrie mais selon des études publiées par les médias elles ont investi des millions de dollars à perte. Pour gagner les zones rurales, en 2003, Coca avait à perte décidé de vendre ses bouteilles de 200 ml à cinq roupies (11 cents), contrée par Pepsi qui avait proposé un prix inférieur. |
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