[12/08/2006 16:53:15] ROTTERDAM (AFP) Rotterdam, premier port européen, qui a cédé depuis trois ans son premier rang mondial à l’Asie, fait face à des défis qui reflètent les enjeux de l’économie européenne mondialisée d’aujourd’hui. Le port de Rotterdam, entreprise privée, a connu au premier semestre une croissance de son transbordement de 1,1%, jugée décevante. “Un port comme celui de Rotterdam ne peut croître aussi vite que des ports plus petits, comme Anvers. Si nous faisions 10% de croissance par an (comme Anvers au premier semestre, NDLR), en 2 ans nous aurions gagné l’équivalent du port de Marseille ou du Havre”, explique à l’AFP Minco van Heezen, porte-parole de la société portuaire. “Nous sommes l’expression de la croissance modérée de l’économie européenne”, constate-t-il : “une économie… à maturité”. En 2003, Rotterdam perdait sa place de premier port mondial au profit de Shanghai. Un an plus tard, Singapour lui ravissait la seconde place. Environ 56.000 travaillent dans le port qui fait vivre indirectement 315.000 personnes. Pour expliquer sa faible croissance, l’entreprise pointe les problèmes de modernisation informatique dont a souffert ECT, la société gérant 70% des conteneurs, provoquant des retards et obligeant des armateurs à se diriger vers ses concurrents européens. Ben-Jaap Pielage, spécialiste du secteur à l’Université technique de Delft (centre), souligne aussi les croissances exceptionnellement fortes enregistrées en 2004 (+7,4%) et 2005 (+5%). “Maintenant, le port de Rotterdam commence à présenter des chiffres plus conformes à la croissance de l’Union européenne”, estime-t-il. Avec sa centrale électrique, ses terminaux de métaux lourds, ses réservoirs pour jus de fruits, sa batterie de grues flottantes et ses cinq raffineries en bord de Meuse, le port de Rotterdam est un condensé de l’économie européenne sur un territoire de 105 km2, s’étirant sur 40 km le long du fleuve. Le transbordement de produits agricoles en vrac a perdu 9% au premier semestre. Le métaux lourds ont laissé 3,2% et, “avec la fermeture de (certains) hauts-fourneaux en Europe, comme à Liège en Belgique, c’est un marché structurellement en baisse pour nous”, précise le porte-parole. Le port veut rester en pointe, par exemple en adaptant ses infrastructures à la demande de gaz naturel liquide. Et Rotterdam profite évidemment du boom dans la pétrochimie. “C’est un secteur très spéculatif, qui rapporte gros et nous arrivons à très bien accueillir les tankers”, explique Minco van Heezen. Au premier semestre, le transbordement des produits raffinés a gagné 7%, tandis que celui de pétrole brut perdait 3%. Pour alimenter les 32 millions de mètres cube de ses réservoirs pétro-chimiques, dont le diamètre peut atteindre la taille d’un Boeing 747, l’entreprise a lancé la construction d’un nouveau quai d’accostage qui sera achevé d’ici mi-2007. En outre, le port accueille actuellement deux joyaux de la technologie de forage offshore : le Piranema et le Terra Nova. Le premier, immense rotonde flottante, peut aspirer, contenir puis séparer le pétrole brut de l’eau de mer. Capacité du mastodonte : 300.000 barils. Le Terra Nova, qui amarrera au large du Canada, est une véritable raffinerie flottante de 290 mètres de long et 45 de large. Parallèlement, le port s’est lancé dans un projet d’agrandissement qui doit lui faire gagner d’ici 2013 20% de superficie, construit sur la mer, moyennant 3 milliards d’euros. Considérant que la compétition ne peut que générer plus d’activité, Rotterdam salue la libéralisation progressive du transport ferroviaire européen. Aujourd’hui, le train embarque déjà jusqu’à 12% des cargaisons de vrac. “Pour nous, et c’est peut-être parce que nous sommes Néerlandais, toute libéralisation est une bonne chose”, conclut Minco van Heezen. |
||
|