Les entreprises minières canadiennes convoitées par les géants mondiaux

 
 
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Le siège du géant minier brésilien Vale de Rio Doce, le 11 août 2006 à Rio (Photo : Vanderlei Almeida)

[12/08/2006 16:46:42] MONTREAL (AFP) Les géants miniers mondiaux se livrent une âpre bataille pour s’emparer des sociétés minières canadiennes dans un secteur en pleine ébullition, notamment en raison de la demande en métaux de la Chine dont l’appétit ne faiblit pas.

Le Brésilien Vale de Rio Doce (CVRD), l’Américain Phelps Dodge et le Canadien Teck Cominco rivalisent à coup de milliards de dollars pour mettre la main sur le Canadien Inco, deuxième producteur mondial de nickel, minerai servant surtout à fabriquer de l’acier inoxydable et des alliages.

Cette lutte survient alors que la Chine, premier consommateur mondial de métaux, pousse les prix du cuivre, du nickel et du zinc à des niveaux jamais établis.

Aujourd’hui objet de convoitises, Inco, titre phare du secteur minier canadien, avait tenté sans succès d’acquérir sa compatriote Falconbridge, quatrième producteur mondial de nickel, afin de créer un leader mondial du secteur établi au Canada.

Inco n’a pas eu les ressources financières suffisantes pour avaler Falconbridge, qui devrait aboutir lundi prochain entre les griffes du géant suisse Xstrata. Et Inco se retrouve aujourd’hui dans la position de l’acheteur-acheté.

Après des années de vaches maigres, le secteur minier connaît, grâce à la demande soutenue de la Chine, une prospérité inégalée, ce qui pousse les entreprises à fusionner pour réduire leurs coûts à un moment où les gisements s’épuisent et les nouvelles découvertes se font rares.

“A mesure que la demande augmente, l’offre n’arrive plus à suivre. C’est là où nous en sommes. C’est inhabituel d’avoir toutes les économies du globe en relativement bonne santé au même moment. Le principal moteur de cette croissance est la Chine, même si tout le monde est à la recherche des produits miniers”, explique à l’AFP, John Kinsey, de chez Caldwell Securities.

“Et ce cycle de croissance semble durer plus longtemps qu’à l’accoutumée. Tant que les économies de la Chine et de l’Inde resteront en bonne santé, les augures seront bons pour l’industrie minière”, ajoute-t-il.

Les entreprises minières canadiennes ont enregistré cette année des profits records, mais ces bénéfices demeurent insuffisants pour financer des projets d’expansion de plus en plus onéreux.

En 2004, Noranda (devenu depuis Falconbridge) avait déjà résisté aux avances de la société d’Etat China Minmetals en consolidant ses filiales, avant d’annoncer l’automne dernier son mariage avec Inco, un projet qui ne verra finalement pas le jour alors que la pression s’accentue pour des fusions sur plus grande échelle.

“Les entreprises canadiennes, qui sont plutôt de petite taille, doivent absolument fusionner avec d’autres entreprises pour atteindre une taille d’envergure mondiale capable de rivaliser avec les 4 ou 5 plus grandes minières”, constate Jean-Charles Cachon, spécialiste du secteur minier à l’Université Laurentienne, située à Sudbury, la “capitale mondiale du nickel”.

Dans le secteur de l’or, le Canadien Barrick Gold a réussi cette année à se hisser au premier rang mondial après avoir avalé son rival national Placer Dome.

“Je suis sûr que dans l’industrie il y a des gens qui caressent le rêve d’une grande minière canadienne. C’est ça qu’ils essaient de faire en ce moment”, ajoute M. Cachon, alors que Teck Cominco pourrait encore surenchérir sur Inco.

 12/08/2006 16:46:42 – © 2006 AFP