L’économie européenne connaît une embellie au deuxième trimestre 2006

 
 
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La croissance trimestrielle du PIB en Europe

[14/08/2006 14:36:33] BRUXELLES (AFP) La croissance économique dans la zone euro a connu au deuxième trimestre sa plus forte progression depuis six ans, notamment grâce aux bonnes performances de la France et de l’Allemagne, mais l’embellie pourrait être de courte durée, avec un ralentissement dès la fin de l’année.

Selon la première estimation dite “rapide” de l’office statistique européen Eurostat publiée lundi, la croissance de la zone euro s’est élevée à 0,9% au deuxième trimestre, son plus fort rythme depuis 2000, et à 2,4% sur un an.

“Une performance impressionnante”, qui reflète une amélioration de la tendance depuis la mi-2005, estime Howard Archer, économiste du cabinet d’analyse Global Insight.

Au premier trimestre, la croissance avait été de 0,6% seulement par rapport au quatrième trimestre 2005, et de 2,0% sur un an.

“La nouvelle est d’autant plus favorable que, cette fois, l’ensemble des grands pays de la zone, à l’exception notable de l’Italie, participent à cette croissance”, juge de son côté Alexandre Bourgeois, de Natexis-Banques Populaires.

La France, avec une croissance surprise de 1,2%, contre seulement 0,5% au premier trimestre, a tiré la zone euro à la hausse. L’Allemagne, principale économie de la zone, a aussi réalisé une bonne performance, avec 0,9%, contre 0,7% au trimestre précédent, bénéficiant notamment de l’effet de la Coupe du Monde de football.

Il s’agit pour l’Allemagne de sa “plus forte performance depuis début 2001”, note Holger Schmieding, de la Bank of America. Avec une croissance de 2,4% sur un an, l’Allemagne se situe “bien au-dessus de sa tendance” normale, estimée à 1,6%, ajoute-t-il.

L’Espagne (+0,9% contre +0,8%) et les Pays-Bas (+1,0% contre +0,3%) ont également progressé. Seule l’Italie a ralenti (+0,5% contre +0,7%).

Pour l’ensemble de l’Union européenne – dont les 12 pays de la zone euro représentent les trois quarts de l’économie – le deuxième trimestre s’est soldé par une croissance de 0,9%, soit 2,6% sur un an, là aussi sa meilleure performance depuis six ans.

La bonne santé de l’économie européenne s’explique par une forte demande intérieure, stimulée par la baisse du chômage, ainsi que par un haut niveau d’investissement des entreprises et des exportations en progression, expliquent les économistes.

Cette vigueur contraste avec le ralentissement enregistré aux Etats-Unis. Avec une croissance de 0,6% au deuxième trimestre, contre 1,4% au premier, l’économie américaine a nettement faibli, faisant craindre aux économistes un impact sur l’ensemble de l’économie mondiale, qui pourrait être privée de sa locomotive.

De fait, l’économie européenne pourrait elle aussi ralentir dès la fin de l’année. Dans ses prévisions publiées également lundi, la Commission européenne a légèrement relevé son anticipation de croissance au troisième trimestre mais abaissé celle du quatrième trimestre.

Bruxelles prévoit une fourchette de croissance de 0,5 à 0,9% au troisième trimestre (contre 0,3% à 0,7% dans sa précédente prévision du 12 juillet), puis 0,4 à 0,9% au quatrième trimestre (contre 0,5 à 1%).

L’économie devrait ralentir plus nettement au premier trimestre 2007, avec une croissance située entre 0,2 et 0,8%, selon la Commission.

“Nous craignons que le chiffre du deuxième trimestre soit un pic de croissance pour la zone euro”, avertit Howard Archer.

“Les nuages s’amoncellent sur l’année 2007”, renchérit Alexandre Bourgeois, qui s’inquiète de nombreux facteurs: “remontée des taux d’intérêt, niveau trop élevé de l’euro, pétrole cher, ralentissement de la croissance mondiale et hausse de la TVA en Allemagne”.

De l’avis général, la Banque centrale européenne (BCE) devrait arguer de la croissance vigoureuse au deuxième trimestre pour relever encore ses taux d’intérêt, jusqu’à 3,50% d’ici la fin de l’année, ce qui risque de freiner la croissance, selon les économistes.

 14/08/2006 14:36:33 – © 2006 AFP