[14/08/2006 16:36:35] PARIS (AFP) Le boom de la croissance au printemps offre au gouvernement une bouffée d’oxygène bienvenue, avec de meilleures rentrées fiscales et une accélération de la baisse du chômage escomptées, mais devrait relancer le débat sur le partage des fruits de la croissance avant l’élection présidentielle. La nouvelle est tombée à pic. Bien qu’il soit susceptible d’être révisé en baisse par l’Insee, et même si certains économistes doutent de sa pérennité, le bon chiffre de la croissance au deuxième trimestre (de 1,1% à 1,2%) devrait avoir pour effet immédiat de desserrer la contrainte budgétaire. Les recettes fiscales s’annoncent en effet meilleures que prévu, a confirmé le ministre délégué au Budget Jean-François Copé dans un entretien lundi aux Echos, prévoyant un excédent “plus proche” de 3 milliards d’euros que de 1 milliard. L’appétit de consommation des ménages gonfle les rentrées de TVA, en hausse de 5,7% sur un an à la fin juin selon Bercy, tandis que les bonnes performances des grandes entreprises françaises laissent augurer une plus ample collecte de l’impôt sur les sociétés. Le gouvernement espère aussi que l’emploi suivra, contribuant à la décrue du chômage. “Nous ferons mieux” que les quelque 200.000 créations d’emplois prévues par l’Insee, a réaffirmé le ministre de l’Economie Thierry Breton lundi à La Tribune. Il avait récemment jugé “à portée de main” un taux de chômage de 8%, contre 9% à la fin juin. Une embellie sur le front de l’emploi, déjà perceptible via l’augmentation de 4% de la masse salariale en 2006, synonyme de cotisations en hausse et indemnisations en baisse, constituerait “une bonne nouvelle pour les régimes sociaux”, a souligné Eric Vergnaud, économiste de BNP Paribas.
De quoi envisager plus sereinement l’évolution des finances publiques, selon cet économiste, qui a jugé “raisonnable” la perspective d’un déficit sous la barre des 3% du produit intérieur brut. M. Copé s’est lui dit “conforté” dans l’objectif d’un déficit public ramené fin 2006 à 2,8% du produit intérieur brut, tout en reconnaissant que le chemin pour désendetter la France était “encore long”. A quelques mois de l’élection présidentielle, cette embellie ne devrait pas manquer de relancer le débat sur le partage des fruits de la croissance. Relevant les multiples hausses de prix intervenues cet été, du timbre au gaz, en passant par l’électricité, le premier secrétaire du PS François Hollande a déploré dimanche dans le JDD la “détérioration du pouvoir d’achat” et réclamé la tenue “d’une conférence sur le pouvoir d’achat avec l’ensemble des partenaires sociaux”. Celle-ci “porterait à la fois sur les salaires, les tarifs publics et la politique fiscale”, a-t-il suggéré, alors que les syndicats entendent bien faire des salaires et du pouvoir d’achat un thème phare de la rentrée sociale. Le gouvernement a déjà fait savoir, par la voix de M. Copé, qu’il n’entendait pas “dilapider les fruits de la croissance”. Et si Thierry Breton a promis de reconvoquer les compagnies pétrolières à la rentrée pour “veiller” à ce qu’elles ne réalisent pas de “profits exagérés” sur les prix de l’essence, pas question d’évoquer une quelconque “cagnotte” à propos des recettes fiscales supplémentaires. “Ce mot ne fait pas partie de mon vocabulaire”, a-t-il averti dans le Monde daté de samedi. Pour le ministre, “les cagnottes n’existent pas lorsqu’on est en déficit”, et les éventuels surplus “doivent être affectés au désendettement”. |
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