[15/08/2006 07:04:01] KIEV (AFP) Symbole d’un réchauffement des relations entre Kiev et Moscou, le nouveau Premier ministre ukrainien Viktor Ianoukovitch, considéré comme pro-russe, entame mardi en Russie sa première visite à l’étranger, qui devrait être dominée par l’épineuse question gazière. M. Ianoukovitch est attendu mardi à Sotchi, une station balnéaire russe sur les rives de la mer Noire, où il doit s’entretenir mercredi avec son homologue russe Mikhaïl Fradkov et vraisemblablement le président Vladimir Poutine, en marge d’un sommet réunissant les chefs d’Etat de six ex-républiques soviétiques (Russie, Bélarus, Kazakhstan, Tadjikistan, Kirghizstan, Ouzbékistan). “Nous allons recevoir la première réponse à la question gazière (…) demain à Sotchi”, a déclaré lundi le Premier ministre ukrainien, selon Interfax. Les importations de gaz russe en Ukraine sont l’un des sujets les plus délicats dans les relations entre Moscou et Kiev. Lors d’une “guerre du gaz” en janvier, la Russie est allée jusqu’à fermer les vannes pour forcer l’Ukraine à accepter ses tarifs, ce qui a perturbé les livraisons de cet hydrocarbure vers l’Europe. Si les Ukrainiens et les Russes ont finalement conclu un accord aux termes duquel le prix pour Kiev a pratiquement doublé à 95 dollars les 1.000 m3, ce document doit être régulièrement renégocié. Or, M. Ianoukovitch, qui représente les intérêts de gros industriels très dépendants du gaz russe, “fera, sans aucun doute, tout pour stabiliser les prix des hydrocarbures” pour son pays, notait vendredi l’hebdomadaire ukrainien Korrespondent. “En ce qui concerne 2007, nous allons travailler avec nos partenaires pour que le prix soit optimal”, a assuré le chef du gouvernement samedi. Les négociations porteront également, selon M. Ianoukovitch, sur les fournitures de pétrole à l’Ukraine, où le prix d’essence a fortement augmenté ces dernières semaines. Des contentieux sur les importations par la Russie de viande, produits laitiers et conduites en provenance d’Ukraine doivent également être évoquées, selon le quotidien économique russe Vedomosti. M. Ianoukovitch s’est par ailleurs engagé à préparer la future rencontre des présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Viktor Iouchtchenko, un pro-occidental, dont la victoire à la présidentielle en 2004 face à son Premier ministre actuel avait été très mal accueillie par le Kremlin, qui soutenait ouvertement son adversaire. Après une période de relations de plus en plus froides entre Kiev et Moscou à la suite de la présidentielle, le retour au pouvoir de M. Ianoukovitch aux termes d’un compromis politique en Ukraine ne peut que plaire à la Russie. Et l’annonce de son voyage à Sotchi peu après sa nomination le 4 août est un “symbole de réchauffement” des liens entre ces deux pays, selon l’analyste politique ukrainien Olexi Garan. “Il y a toutes les prémisses pour dégeler les relations russo-ukrainiennes”, estime pour sa part Vedomosti. “La Russie souhaite toujours une intégration de l’espace post-soviétique et l’Ukraine s’est dotée d’un nouveau gouvernement, plus pragmatique”, relève le journal. Cependant, le retour de Kiev dans le giron de Moscou ne paraît plus probable même si M. Ianoukovitch a récemment promis de “lever des problèmes politiques imaginaires”. Depuis sa nomination, ce dernier a nettement tempéré sa ligne pro-russe, prônant l’intégration de l’Ukraine à l’Union européenne et s’engageant même à préparer l’adhésion de son pays à l’Otan, projet très mal vu par Moscou. “Il ne faut pas compter sur le fait qu’en échange d’accords économiques, la Russie obtienne un régime politique favorable en Ukraine”, prévient Vedomosti, rappelant que “l’intégration à l’Europe est prévue non seulement” dans les grandes lignes de la politique gouvernementale, mais aussi dans le programme de son parti. |
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