[16/08/2006 17:09:14] PARIS (AFP) Le groupe français d’électroménager Seb, qui ferme des sites de production en France, mise sur la Chine avec la prise de contrôle du numéro un chinois d’articles de cuisine Supor, espérant profiter d’un marché local en forte croissance et de faibles coûts de production. Seb va payer environ 240 millions d’euros pour prendre une participation majoritaire dans la société chinoise, une opération financée par endettement. Il devrait détenir à terme “entre 51 et 59% de Supor”, qu’il présente comme le leader des articles culinaires en Chine et le numéro quatre pour le petit électroménager. Seb, dont les ventes ont reculé en 2005 de 5,3% en France et de 2,6% dans les autres pays de l’UE, compte sur de nouveaux débouchés dans des marchés émergents à forte croissance. Le monde offre “un potentiel de croissance énorme avec des pays (Brésil, Russie, Inde, Chine) où les taux d’équipements sont faibles”, indiquait déjà le PDG de Seb, Thierry de la Tour d’Artaise, en février. Avec l’acquisition de Supor, le groupe espère une “accélération” de son développement sur le marché chinois et, au-delà, une “forte croissance dans les marchés émergents, notamment en Asie du Sud-Est”. Seb ne peut “pas espérer avoir une croissance importante” en Europe et doit se tourner vers les marchés émergents, qui “sont les réservoirs de croissance de demain”, a rappelé mercredi le PDG, ajoutant que l’Asie “devrait représenter plus de 30% de nos ventes en 2007”.
Créée en 1988, Zhejian Supor Cookware réalise les deux tiers de ses ventes en Chine et a engrangé en 2005 un chiffre d’affaires de 147 millions d’euros, en hausse de 46%. Seb ne néglige pas les autres marchés et vient de renforcer sa présence sur le marché américain, avec le rachat annoncé la semaine dernière d’actifs de la société d’articles culinaires Mirro WearEver pour 28,4 millions d’euros. Supor est un des sous-traitants du groupe américain, a souligné le PDG de Seb. En se tournant vers la Chine, Seb ne cherche pas seulement des marchés porteurs mais aussi une baisse de ses coûts de production. Le groupe, qui emploie plus de 7.000 personnes en France, y a récemment annoncé la suppression de 890 emplois, mettant en avant ses difficultés face à la concurrence chinoise. Trois sites français doivent fermer d’ici deux ans –au Syndicat (Vosges), à Fresnay (Sarthe) et à Dampierre (Jura)– tandis que les effectifs du site de Vernon (Eure) diminueront. Il a parallèlement choisi de délocaliser en Asie l’assemblage de ses produits d’entrée de gamme comme les bouilloires, grille-pain et cafetières à filtre. L’annonce du rachat de la société chinoise a été saluée à la Bourse de Paris, où le titre Seb a terminé en hausse de 3,11% à 92,70 euros, dans un marché en hausse de 0,44%. Mais cette stratégie est vivement critiquée par les syndicats. “Le groupe Seb nous vole notre travail”, a déploré Mme Ouria Belaziz, déléguée syndicale CGT. FO a évoqué l'”écoeurement” des salariés de Seb, qui “se font virer alors que le groupe rachète des usines”. L’achat de Supor n’aura “pas de conséquence sur l’emploi en France”, a assuré le PDG de Seb. Il aura en revanche un “impact positif” sur le résultat net du groupe dès 2007, de l’ordre de “1 à 2% de croissance” du bénéfice. Seb a dégagé en 2005 un bénéfice net en baisse de 21,4%, à 103 millions d’euros contre 131 millions en 2004. |
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