[16/08/2006 10:39:06] CANA (AFP) Dans le village libanais de Cana qui se relève de ses ruines, l’épicier n’a pas fini l’inventaire de ses pertes après un mois de guerre qu’il reçoit un premier client impatient. Abbas Saad, six ans, est tout excité. Il a reçu un billet de 1.000 livres libanaises (0,66 cents US) et veut s’acheter un jouet. “Combien pour ceci ?”, demande-t-il en désignant une raquette en bois et une balle. “2.000”, répond l’épicier renfrogné, qui contemple les vivres périmés pendant la guerre entre le Hezbollah et Israël. “Et ça ?”, demande Abbas en pointant du doigt un pistolet à eau. “2.000 aussi”, s’impatiente le commerçant. “Tout coûte 2.000 livres ici”, râle le gamin. Son choix s’arrête finalement sur un ballon à 500 livres et il s’éloigne en sautillant. A quelques pas de là, des jeunes gens charrient des brouettes de gravats et déblaient une ruelle, première étape avant la reconstruction de Cana, un gros bourg à 10 km au sud-est de Tyr, ravagé par les bombes israéliennes. Un bombardement le 30 juillet y a tué 28 personnes, dont 16 enfants, réfugiés dans un abri. Le bruit des pelles qui grattent le sol pour dégager les débris de verre et de béton a succédé au fracas des explosions. Zahra Chalboub a regagné le village mardi au lendemain du cessez-le-feu et pleure en retirant le béton de ce qui reste de son lit. “Il ne me reste rien”, sanglote-t-elle. Des missiles ont percé des trous béants dans sa maison et sa fille aînée est morte dans l’effrondrement de la maison voisine. Quelques pâtés de maisons plus loin, Raba Borji, 15 ans, pleure de joie. Sa maison est debout et pratiquement intacte. “J’ai du mal à croire que je suis chez moi. Je ne croyais pas revoir cette maison”, dit la jeune fille en essuyant ses larmes d’un revers de manche. Réfugiés à Beyrouth ou dans les montagnes, les villageois se sont rués vers le sud dès l’entrée en vigueur du cessez-le-feu lundi matin pour reprendre possession de leur pays et le relever. Badiya Barhas, un planteur de tabac de 50 ans, ne se décourage pas devant les ruines de ce qui était l’arrière de sa maison. “Nous pourrons reconstruire et tout recommencer. Je n’en doute pas”, dit-il dans sa barbe grise fournie. “Les immeubles détruits et même les martyrs (morts) peuvent être remplacés et nous tournerons la page”. Quelques commerçants lèvent les volets empoussiérés de leurs boutiques, fermés depuis des semaines. A un coin de rue, des adolescents traînent autour d’un gros enregistreur qui diffuse des hymnes de victoire du Hezbollah. “C’était notre point de rencontre avant la guerre”, dit le chef de la bande, Hussein Karim, casquette Che Guevara sur la tête et short de basketteur. Des femmes vêtues et coiffées de noir descendent la rue en se tenant par le bras. Les hommes boivent le thé assis sur des chaises en plastique. Les bougainvillées flamboient derrière des décombres. |
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