[16/08/2006 23:15:32] SOTCHI (AFP) Le nouveau Premier ministre ukrainien Viktor Ianoukovitch, considéré comme pro-russe, a affiché sa bonne entente avec Moscou au cours d’une visite mercredi en Russie, sans toutefois décrocher d’accord sur l’épineuse question gazière qui inquiète les Européens. M. Ianoukovitch, qui faisait sa première visite à l’étanger depuis sa nomination le 4 août, a rencontré le président russe Vladimir Poutine à Sotchi (sud) sur les bords de la mer Noire, signe de l’intérêt que Moscou lui porte. Cet entretien, confirmé par l’entourage de M. Ianoukovitch, n’a toutefois guère été médiatisé. Le Kremlin s’est même refusé à tout commentaire, se bornant à dire que la rencontre ne figurait pas au programme du président. M. Ianoukovitch était déjà apparu mardi au côté des chefs d’Etat de la Communauté économique eurasienne (CEE – Russie, Bélarus, Kazakhstan, Tadjikistan, Kirghizstan, Ouzbékistan, l’Ukraine ayant le statut d’observateur), réunis pendant deux jours à Sotchi, dont M. Poutine. Il a ainsi discuté stratégie et intégration régionale avec les dirigeants de l’ancien espace soviétique, là où le président ukrainien pro-occidental Viktor Iouchtchenko milite pour un ancrage de son pays à l’Europe et l’Otan depuis près de deux ans. Mecredi matin, ses entretiens avec son homologue russe Mikhaïl Fradkov ont surtout porté sur la délicate question du prix du gaz russe, qui avait conduit à une brève guerre du gaz russo-ukrainienne et à une réduction des livraisons vers l’Europe au début de l’année. MM. Ianoukovitch et Fradkov ont annoncé que les négociations sur le prix du gaz russe qui sera livré à l’Ukraine en 2007 allaient se poursuivre, suggérant qu’ils n’avaient pas pu se mettre d’accord. “On a devant nous des négociations plus en détails, elles ne seront pas faciles”, a déclaré M. Fradkov. “Nous avons trouvé certains accords, mais le travail continue”, a renchéri M. Ianoukovitch. Le Premier ministre russe a même fait montre d’un relatif pessimisme. “L’hiver approche, nous avons des problèmes pour remplir les réserves de gaz et il y a un problème avec le gaz de l’Asie centrale”, a-t-il souligné. Les réserves souterraines de gaz en Ukraine, dont une partie est destinée à l’Europe, avaient été ponctionnées par Kiev l’hiver dernier. La Russie n’est pas non plus parvenue à ce jour à un accord sur les tarifs du gaz turkmène qu’elle achète en quantités croissantes pour compléter sa propre production. MM. Ianoukovitch et Fradkov ont affirmé toutefois qu’ils s’étaient mis d’accord sur les volumes de livraisons pour fin 2006 et 2007 et pour déterminer les prix du gaz selon les “principes de marché”. “Nous estimons qu’il n’y aura pas de brusque augmentation de prix” en 2007, a toutefois estimé M. Ianoukovtich, en suggérant que le réchauffement politique entre les deux pays pourrait résoudre la question gazière. L’arrivée d’un Premier ministre pro-russe à Kiev devrait de facto faciliter l’obtention d’un accord, là où les relations russo-ukrainiennes s’étaient nettement refroidies après la Révolution orange pro-occidentale en Ukraine fin 2004. M. Ianoukovitch était toutefois venu à Sotchi avec l’espoir, selon la presse russe et ukrainienne, d’aboutir dès mercredi à un accord. M. Fradkov a par ailleurs lancé un appel du pied à son homologue pour que l’Ukraine se rapproche de la CEE. “Nous ne pressons pas nos amis et partenaires (…) mais nous souhaitons un niveau d’intégration plus élevé” de l’espace post-soviétique, a-t-il dit. “Nous allons sans aucun doute développer nos relations dans cette direction”, a répondu M. Ianoukovitch, en s’engageant à “renforcer” également les liens économiques entre les deux pays. |
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