Mondial-2006 – Equipe de France : NBA ne veut pas forcément dire gagner

 
 
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Le joueur français de NBA, Mickael Gelabale, s’envole dans le dos du Brésilien Leandro Mateus Barbosa (g), lors de la coupe Stankovic, à Nankin, le 15 août 2006 (Photo : Mark Ralston)

[16/08/2006 12:06:28] PARIS (AFP) On peut penser qu’avec six joueurs NBA, la France est automatiquement un des grands favoris du Mondial-2006 de basket-ball: ce n’est pas si simple, répondent les principaux intéressés.

Parker est un All Star, Diaw la révélation de l’année, Pietrus le showman de Golden State, Petro un pivot titulaire, Gelabale la nouvelle trouvaille de Seattle et Turiaf le grand copain de Kobe Bryant aux Lakers. Comment ne pas tout rafler avec un tel bataillon ?

Depuis que la France est devenue le premier exportateur mondial de talents aux Etats-Unis, la tentation est grande de la ranger parmi les puissants de ce monde. Comment pourrait-il en être autrement ? La NBA n’est-elle pas le meilleur championnat du monde avec les meilleurs basketteurs de la planète ?

“Si, mais il ne faut pas voir les choses comme ça”, répond Tony Parker, deux bagues NBA au doigt et bien conscient que les esprits s’enflamment vite dès lors qu’on évoque la grande Ligue.

“Ce n’est pas l’équipe qui possède le plus de joueurs NBA qui gagne, embraye Boris Diaw. On l’a vu à l’Euro (2005) avec d’un côté les Serbes qui en avaient plein (5) et qui ont été sortis rapidement et de l’autre les Grecs, devenus champions d’Europe sans en avoir un seul. La NBA est une bonne ligue et permet de progresser. Mais ce n’est pas ça qui fait gagner les matches.”

Pourquoi? Les intéressés avancent plusieurs arguments. Déjà, il y a le regard et l’envie décuplée de l’adversaire. “Lorsqu’ils nous voient, ils voient NBA et nous font aucun cadeau”, souligne Parker.

Un phénomène qui s’étend aux arbitres, selon le meneur de San Antonio: “Ils ont souvent un a priori sur nous. C’est difficile de savoir pourquoi. Peut-être notre côté athlétique, spectaculaire. Ca vire parfois à l’abus de pouvoir. Au Mondial, on va partir avec ce désavantage.”

Que la NBA agace, le sélectionneur Claude Bergeaud dit le constater presque à chaque match. “Les joueurs NBA sont véritablement haïs par certains arbitres qui montrent que ce basket-là, ils ne l’aiment pas”, affirme-t-il.

Autre désavantage, le fait que les règles de jeu en vigueur dans les compétitions internationales ne soient pas exactement les mêmes qu’en NBA. Ce ne sont que de légères nuances, invisibles pour l’oeil profane, mais suffisantes pour perturber la mécanique précise des sportifs de haut niveau.

“Les +marchers+ ne sont pas vraiment sifflés de la même façon, les contacts non plus, décrypte Parker. Et en NBA, tu n’as pas le droit de rester plus de trois secondes dans la raquette (en défense), alors que tu peux y camper dans le jeu international. J’ai pris tellement l’habitude de me +barrer+ que je le fais à chaque fois en équipe de France, alors que je pourrais rester pour aider. Ca fait vraiment une grosse différence.”

“Tu le sais mais tu ne le fais pas, ce sont des réflexes, souligne Diaw. Le problème c’est que si ça t’arrive dans une demi-finale sur une action importante, ça peut peser lourd.”

“On jouerait avec les règles NBA, les arbitres NBA, d’accord, on n’aurait pas d’excuses, reprend Parker. Mais là franchement on n’a aucun avantage, au contraire. Ce serait intéressant de faire une compétition internationale avec les règles US. Le résultat ne serait pas le même.”

C’est ce que répètent depuis cinq ans les Américains pour expliquer leurs fiascos successifs au Mondial-2002 (6e place) et aux Jeux d’Athènes (3e), preuve que NBA ne veut pas forcément dire gagner.

 16/08/2006 12:06:28 – © 2006 AFP