Longtemps boudé en France, le charbon renaît dans la Nièvre

 
 
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Un terril à Loos-en-Gohelle, le 28 juillet 2001 (Photo : François Lo Presti)

[17/08/2006 12:09:24] PARIS (AFP) Source d’énergie tombée en désuétude en France, le charbon revient en grâce à la faveur du pétrole cher, avec un projet de mine à ciel ouvert dans la Nièvre qui pourrait permettre de produire de l’électricité en 2011.

Alors que le plan de fermeture des houillères de l’Hexagone, démarré dans les années 1960, a été bouclé l’an passé, un groupe d’investisseurs français a décidé de miser à nouveau sur cette énergie fossile, combustible quasi-unique de la révolution industrielle du XIXe siècle.

Sous la houlette de Jean-François Hénin, président du directoire de la société française de recherche pétrolière Maurel et Prom, ces investisseurs comptent exploiter le plus important gisement de charbon connu en France, à Lucenay-lès-Aix (Nièvre).

Ils vont aussi construire sur le site même une centrale thermique capable de produire de l’électricité.

“Le charbon sorti de la mine aurait un prix de revient sensiblement inférieur à celui d’Afrique du Sud, arrivé par bateaux dans les ports français, et il aurait une qualité comparable”, a affirmé François Jaclot, président de la Société des ressources énergétiques du Nivernais (Seren), holding créé pour l’occasion.

En exploitant dans un premier temps un “pavé” de 70 millions de tonnes, la centrale thermique d’une capacité de 1.000 mégawatts construite juste à côté serait alimentée pendant 35 ans. “Cela correspond à 1% de la production d’électricité en France, un chiffre non négligeable”, estime M. Jaclot.

La demande de concession a été déposée au ministère de l’Industrie le 27 juillet. Le projet est estimé à 1,4 milliard d’euros, dont 1 milliard pour la centrale électrique.

Pendant la phase de construction qui devrait durer cinq ans, 1.000 emplois pourraient être créés. Il en resterait ensuite 400, dont 300 sur la mine et 100 dans la centrale.

Ce projet confirme le regain d’intérêt pour les sources d’énergie alternatives au pétrole à un moment où ce dernier devient plus rare et de plus en cher.

Des projets de centrales au charbon à faibles rejets de dioxyde de carbone ont déjà été annoncés au Havre (alimenté par du charbon étranger), mais aussi en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis pour des mises en service entre 2012 et 2015.

Les réserves mondiales de charbon constituent 64% des énergies fossiles mondiales (contre 18% pour le pétrole et le gaz). Pour l’instant, 90% de la production de charbon sert à générer de l’électricité, mais il pourrait aussi être utilisé, une fois transformé, dans la fabrication de carburants.

Toutefois, la question clé de son développement reste la maîtrise de la pollution qu’il dégage. “Le charbon est plus sale que le pétrole et le gaz, les deux autres énergies fossiles”, souligne Jean-Marie Chevalier, membre du Cambridge Energy Research Associates (CERA).

Un recours accru au charbon est possible mais seulement si la technologie progresse afin de maîtriser les gaz à effet de serre qu’il dégage, responsables du réchauffement climatique, notait en début d’année une étude française réalisée sous l’égide du délégué interministériel au Développement durable.

Dans la Nièvre, la “centrale supercritique construite sera bien moins polluante que les usines très décriées par le passé”, assure M. Jaclot. “Pour la même production d’électricité, elle rejettera 20% de C02 en moins que les anciennes centrales”, précise-t-il.

 17/08/2006 12:09:24 – © 2006 AFP