[17/08/2006 14:29:15] LONDRES (AFP) L’évolution erratique du yuan chinois depuis lundi, et ses fluctuations d’une ampleur jamais vue depuis plus d’un an, pourraient annoncer un léger assouplissement du régime de changes de la part des autorités chinoises, jugent les experts. Cette semaine, le yuan a commencé par reculer, pour toucher un plus bas depuis près d’un mois face au dollar mardi, avant d’inverser la tendance et de progresser jeudi jusqu’à 7,9686 yuans pour un dollar. Depuis sa réévaluation de 2,1% de juillet 2005, le yuan a lentement gagné environ 1,7% face au billet vert. Mais ce qui n’a pas échappé aux économistes, c’est la volatilité inédite de la devise chinoise. Par trois fois cette semaine, le yuan a varié de plus de 0,2% en une seule séance (jusqu’à 0,26% jeudi), exploitant sa marge de fluctuation autorisée de + ou – 0,3% comme jamais depuis juillet 2005. “Les autorités chinoises s’appliquent à rendre le yuan plus flexible, mais elles ne veulent pas que cette plus grande volatilité soit forcément synonyme d’appréciation. Ce qu’elles veulent, c’est accroître le risque dans les deux sens”, explique Callum Henderson, économiste à la banque Standard Chartered, basé à Pékin. En effet, une appréciation prévisible et en ligne droite du yuan serait une aubaine pour les spéculateurs. Ils pourraient parier sur la hausse du yuan et jouer sur une progression parallèle des monnaies régionales, dont le yen. “Le message de la Chine c’est que le yuan peut varier dans les deux sens. C’est peut-être une façon de tester le marché, au cas où Pékin serait en train de préparer une mesure de plus grande flexibilité du yuan”, estime Gavin Friend, économiste à la Commerzbank. Pour la plupart des économistes, la Chine se prépare peut-être à désserrer l’étau sur le marché des changes, mais sans pour autant s’engager à laisser s’apprécier le yuan. Cette appréciation, répète inlassablement Pékin, se fera graduellement, à un rythme conforme aux intérêts chinois. Chez Barclays Capital, on s’attend ainsi à voir la banque centrale autoriser bientôt une variation quotidienne de + ou – 1%, voire de + ou – 1,5%, de la devise face au dollar. Dans l’ensemble, les économistes estiment aussi qu’il est dans l’intérêt de la Chine de laisser sa devise s’apprécier, non seulement pour complaire à ses partenaires commerciaux et aux institutions internationales, mais aussi pour rééquilibrer son économie. Les Etats-Unis réclament un yuan plus fort afin de réduire l’avantage compétitif des exportations chinoises, et menacent d’imposer des barrières douanières aux importations si le yuan n’est pas réévalué bientôt. Impatienté par le rythme d’escargot de la devise, le Trésor américain pourrait accuser Pékin de “manipuler” sa monnaie lors de son rapport semestriel sur les changes attendu en septembre. Une appréciation du yuan permettrait également à Pékin de freiner les exportations et calmer la croissance proche de la surchauffe (près de 11% au premier semestre 2006). Elle permettrait aussi de rééquilibrer une économie qui penche dangeureusement vers l’export et les investissements, au détriment de la consommation intérieure. D’après les experts, le yuan devrait donc s’apprécier à moyen terme, mais des zig-zags sont à prévoir. La plus grande volatilité constatée à l’heure actuelle n’est qu’un pas vers plus de souplesse. “On ne peut pas exclure que le yuan connaisse des périodes de fléchissement à court terme, mais d’ici la fin de l’année, nous tablons sur un taux de 7,85 yuans contre le dollar”, un niveau encore jamais atteint, avance Gavin Friend. |
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