[18/08/2006 20:06:49] SANTIAGO (AFP) Le groupe anglo-australien BHP Billiton a suspendu vendredi son activité à Escondida, la plus grande mine de cuivre du monde, touchée par une grève, suscitant une vive protestation des grévistes et la nomination d’un médiateur par le gouvernement chilien. A partir de 8H00 locales (02H00 GMT), l’activité s’est arrêtée quand 300 ouvriers non syndiqués ont quitté leurs postes pour gagner Antofagasta, grande ville située à 170 km au sud de la mine. La mine, qui fournit 8% de la production mondiale, est en grève depuis 12 jours. Le groupe continuait jusqu’ici d’exploiter le gisement à 10% de sa capacité d’extraction et à 40% de son rythme habituel de production du métal (3.600 tonnes par jour). Le syndicat des 2.052 mineurs en grève a dénoncé la fermeture de la mine comme “une pression inacceptable” et illégale, selon son porte-parole Pedro Marin. Il a accusé BHP Billiton de chercher à “effrayer” les mineurs. “Cela revient à dire que si on ne nous laisse pas travailler comme on veut, on s’en va du Chili”, a dénoncé M. Marin. La décision de BHP Billiton a provoqué une nouvelle poussée de fièvre du cours du cuivre à Londres, à plus de 7.500 dollars la tonne contre 7.290 dollars jeudi soir. Une porte-parole de BHP Billiton a attribué la fermeture au blocage par les syndicalistes de la route d’accès à la mine, qui empêchait leurs remplaçants de venir travailler. “L’accroissement de l’activité syndicale fait que nous ne nous sentons plus capables de garantir la santé et la sécurité de nos employés sur place ni l’intégrité des opérations et des infrastructures”, a-t-elle indiqué précisant que les négociations avec le syndicat sont “interrompues”. Tout en promettant des “actions en justice contre le syndicat”, la porte-parole n’a pas exclu une réouverture de la mine mais à condition “de pouvoir garantir la santé et la sécurité de nos employés sur place et l’intégrité des opérations”. Dans ce contexte difficile, le gouvernement chilien a annoncé avoir nommé comme médiateur le ministre du Travail Osvaldo Andrade. Jeudi soir, la présidente Michelle Bachelet avait manifesté sa volonté de collaborer à la recherche d’une solution au conflit, bien qu’il concerne une entreprise privée et ses salariés. La grève qui dure depuis le 7 août porte sur des revendications salariales. Elle a lieu dans un contexte de forte hausse du cuivre, qui a repassé la semaine dernière la barre de 8.000 dollars la tonne (8.150 USD le 10 août), non loin de son record du 11 mai (8.800 dollars). Ce métal est utilisé notamment dans la plomberie et les câbles électriques. Les grévistes ont accepté cette semaine de réduire à 10% au lieu de 13% leur demande d’augmentation mais ont maintenu leur exigence d’un bonus de 30.000 dollars. La direction leur offre une hausse salariale limitée à 3% et une prime de 16.000 dollars. Les mineurs justifient leurs revendications par la flambée du prix du cuivre. Minera Escondida a annoncé mardi un triplement de son bénéfice net à 2,9 milliards de dollars au premier semestre mais ses dirigeants rétorquent que la hausse des cours n’est que temporaire et que ses employés comptent parmi les mieux payés du pays. Les autres mines de cuivre chiliennes dont celles du géant public Codelco suivent de près le conflit d’Escondida, puisque des négociations salariales y sont prévues dans les mois à venir. A la Bourse de Sydney, l’action BHP Billiton a clôturé en hausse de 0,72%, à 28,10 dollars (21,45 USD). Son concurrent Rio Tinto, deuxième mondial du secteur qui détient 30% dans Escondida, a fini sur un gain de 0,56% à 75,25 dollars. |
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