Face aux griefs de l’UE, Suez et GDF pourraient s’alléger avant de fusionner

 
 
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Les PDG de Gaz de France Jean-Francois Cirelli (d) et de Suez Gérard Mestrallet, le 28 février 2006 à Paris (Photo : Joel Saget)

[20/08/2006 16:48:55] PARIS (AFP) Les groupes énergétiques français Suez et Gaz de France envisagent plusieurs cessions d’actifs, en France et en Belgique, pour apaiser les craintes de la Commission européenne qui redoute que le projet de fusion n’aboutisse à une situation de quasi-monopole sur ces deux marchés.

“En Belgique, une cession de SPE (Société de production électrique, filiale à 25% de GDF, ndlr) est envisageable et, en France, une mise aux enchères, auprès des concurrents, des volumes de gaz détenus par Suez”, a affirmé dimanche à l’AFP une source proche du dossier.

La Commission, qui a notifié vendredi soir aux deux parties une lettre de griefs longue de près de 200 pages, s’est inquiétée des problèmes de concurrence générés par la future entité, notamment sur le marché du gaz français et sur celui du gaz et de l’électricité belge.

Elle leur laisse dix jours pour proposer des remèdes et s’est donnée jusqu’au 25 octobre pour donner ou non son aval à la fusion.

Interrogé dimanche par l’AFP sur ces éventuels remèdes, Gaz de France a jugé qu’il était “bien trop tôt pour parler de ça” et qu’il souhaitait d’abord étudier le document, tandis que Suez s’est refusé à tout commentaire.

La SPE, deuxième groupe électricien belge, est détenue à 25% par Gaz de France. Le projet de fusion entre Suez et GDF la ferait passer sous le même toit que le numéro un belge, Electrabel (filiale de Suez), et concentrerait 90% du marché gazier belge dans les mains d’un seul groupe, selon les autorités belges.

Ces dernières, qui ne sont pas opposées au principe d’une fusion entre GDF et Suez, avaient néanmoins réclamé dès mars d’importantes cessions d’actifs sur leur marché.

GDF s’était allié au distributeur d’énergie britannique Centrica en septembre 2005 pour acquérir, au sein d’une société commune, 51% de SPE, soit un investissement de 247 millions d’euros pour GDF.

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Suez et GDF en chiffres

Concernant le marché français, Suez pourrait mettre, selon la même source, une partie de son volume de gaz à la disposition de ses concurrentes (“gaz releases”).

Certes, sa part de marché en France n’est que de 3,5%, par le biais de Distrigaz, premier distributeur gazier belge, mais elle a effectué une percée en 2005 auprès des entreprises, devenant un des principaux concurrents de l’ancien monopole GDF qui, lui, se taille toujours la part du lion.

Le projet de fusion Suez-GDF, qui avait été présenté par le gouvernement français en février comme le moyen de contrer une éventuelle OPA du groupe italien Enel sur Suez, vise, selon ses promoteurs, à créer le premier groupe gazier européen et le cinquième producteur d’électricité du continent.

Jeudi, le ministre Thierry Breton avait déclaré “ne pas être inquiet” et avoir “toute confiance dans le travail de la Commission” européenne, qui pourrait voir d’un bon oeil la naissance d’un autre géant de l’énergie face à EDF.

Le feu vert de Bruxelles est l’un des principaux obstacles à franchir en vue de la fusion des deux groupes, avec celui des parlementaires français qui doivent étudier à partir du 7 septembre un projet de loi autorisant la fusion de GDF, détenu à 80% par l’Etat, avec le groupe privé Suez.

Ce projet, qui aboutirait à privatiser GDF, avait suscité l’ire de l’opposition et des menaces de fronde d’une partie de la majorité. Mardi, le ministre de l’Intérieur et président de l’UMP Nicolas Sarkozy a annoncé avoir donné son “accord” au projet.

 20/08/2006 16:48:55 – © 2006 AFP