Bruxelles bénit l’ouverture à la concurrence du réseau de Deutsche Telekom

 
 
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Le logo de Deutsche Telekom

[21/08/2006 16:13:05] BRUXELLES (AFP) Le feu vert donné lundi par Bruxelles aux mesures allemandes d’ouverture à la concurrence de son réseau haut-débit devrait faire baisser les prix, mais Deutsche Telekom crie à la surréglementation et menace d’ores et déjà de réduire ses investissements.

Un mois après avoir reçu les mesures envisagées par le régulateur allemand des télécoms (le BNetzA), le commissaire à la Société de l’information, Viviane Reding, les a approuvées, jugeant qu’elles “apporteraient aux consommateurs de meilleurs services et des prix plus bas pour l’accès à internet”.

Ces mesures prévoient de mettre fin à la position dominante de l’opérateur historique Deutsche Telekom sur le marché allemand de l’internet ultra-rapide.

Concrètement, le BNetzA souhaite autoriser les opérateurs à acheter à Deutsche Telekom des lignes d’accès haut-débit au domicile de leurs clients pour un prix préalablement approuvé par le régulateur, afin qu’ils puissent offrir leurs propres services.

Lundi, Viviane Reding a salué le fait qu’à présent le régulateur prévoyait d’exiger l’accès au haut-débit, quelle que soit la technologie utilisée (ADSL2, ADSL2+, SDSL ou encore VDSL).

Aux yeux du commissaire, qui appelle à appliquer cette nouvelle réglementation “sans délai”, le régulateur allemand a ici “prouvé son indépendance”, “en dépit d’une pression politique considérable”.

C’est qu’en Allemagne, le dossier fait grand bruit. Depuis plusieurs mois, le gouvernement discute d’un projet de loi qui exclurait du champ de la concurrence “les nouveaux marchés”.

Pratiquement, ce projet qui doit être discuté au Parlement à l’automne permettrait à Deutsche Telekom de refuser à ses rivaux l’accès à son nouveau réseau à très haut-débit.

Deutsche Telekom a prévu d’investir 3 milliards d’euros pour construire ce réseau VDSL dans 50 villes allemandes. Mais jusqu’ici, il a seulement déboursé 500 millions d’euros dans 10 villes.

Lundi, la Commission a “fait savoir clairement à (l’Allemagne) que l’obligation de donner accès au réseau devra s’appliquer aussi à cette nouvelle infrastructure”.

Deutsche Telekom a réagi en menaçant une nouvelle fois de suspendre ses investissements. L’entreprise réclame en effet un monopole de plusieurs années sur l’utilisation de ce réseau à fibre optique, estimant que c’est pour elle le seul moyen de réaliser un retour sur investissement décent.

“La question de savoir si nous réalisons les investissements restants est toujours ouverte et dépend de l’évolution du marché et de la régulation”, a martelé lundi un porte-parole du groupe.

Mais la Commission n’en démord pas. “Si la loi envisagée par le législateur allemand reste inchangée (…), nous lancerons une procédure d’infraction contre l’Allemagne”, a ainsi répété le porte-parole de Mme Reding.

“L’éventualité d’avoir des investissements seulement par un opérateur dominant n’est pas une option pour la Commission, car cela exclut les investissements des autres opérateurs et pourrait nuire à l’intérêt des consommateurs”, a ajouté Martin Selmayr.

Plus qu’une simple réponse à Deutsche Telekom, ces propos sont un avertissement aux autres opérateurs historiques européens, comme France Télécom.

A plusieurs reprises, l’opérateur français s’est dit prêt à investir dans les réseaux de fibre optique, à condition de rentabiliser ses investissements, autrement dit de ne pas être pénalisé par une “surréglementation”.

Le groupe a estimé lundi que la situation en France n’avait “rien à voir”, le réseau VDSL de Deutsche Telekom restant basé sur le cuivre, infrastructure résultant du monopole historique, tandis que le réseau projeté par France Télécom est à 100% de la fibre optique.

Selon l’opérateur français, “pour des réseaux complètement nouveaux sur lesquels il y a le risque d’investissement”, la Commission ne peut appliquer le “même raisonnement” et contraindre l’opérateur à ouvrir son réseau à ses concurrents.

 21/08/2006 16:13:05 – © 2006 AFP