[21/08/2006 11:05:17] MOSCOU (AFP) Alors que le géant américain de l’or Newmont se débat pour conserver sa participation dans les mines de l’ouest de l’Ouzbékistan, les difficultés se multiplient pour les groupes miniers en Asie centrale, devenue trop risquée même pour les investisseurs les plus endurcis. Les autorités ouzbèkes ont annoncé mercredi l’ouverture d’une procédure de faillite à l’encontre d’une société conjointe entre l’Etat ouzbek et Newmont Mining, plus de dix ans après le lancement d’un projet aurifère présenté comme un exemple de coopération entre ce pays de l’ex-URSS et les Etats-Unis. “Cela en a choqué beaucoup. C’est un sérieux revers” pour la réputation de l’Ouzbékistan, souligne un expert du secteur sous couvert de l’anonymat, qui doute que les autorités ouzbèkes soient prêtes à apporter tous les financements nécessaires au développement de ce projet. Newmont a vendu l’an passé 123.000 onces d’or de cette société commune, Zarafshan-Newmont, qui traite l’or extrait de la mine à ciel ouvert de Muruntau dans le désert de Kyzylkoum, à 400 kilomètres à l’ouest de la capitale Tachkent. Mais en juin le gouvernement a annulé les exemptions fiscales dont bénéficiaient une poignée de gros investisseurs étrangers dont Newmont, et un tribunal a condamné la société commune à payer 48 millions de dollars (38 millions d’euros) d’arriérés fiscaux. Les expatriés employés par le géant minier ont fui le pays après une série d’enquêtes judiciaires contre les collaborateurs de la société commune, une affaire qui n’est pas sans rappeler le style de l’affaire Ioukos en Russie. Et un responsable du comité antimonopole ouzbek a été nommé à la tête de la société, a indiqué le groupe américain. Newmont estime qu’il s’agit d’une tentative d'”expropriation” de sa part dans la société conjointe qu’elle estime à 94 millions de dollars (71 millions d’euros). “Cela va décourager tout investissement” en Ouzbékistan, estime cet expert. Les groupes étrangers ont vu le climat d’investissement se détériorer après le refroidissement des relations entre l’Ouzbékistan et l’Occident dans la foulée du soulèvement d’Andijan réprimé par Tachkent qui aurait fait, selon les témoins et les ONG, entre 500 et 1.000 morts. Depuis, les autorités ouzbèkes ont barré la route à un autre groupe de métaux, le britannique Oxus Gold, qui souhaitait participer au développement des gisements de zinc, argent, cuivre et plomb de Khandiza (sud-est), a indiqué cette semaine une source gouvernementale à l’AFP. Les droits d’exploitation devraient être attribués à une société locale, au détriment de Makarand Minerals, la filiale du groupe anglais qui a précédemment exploré ces gisements. Oxus rencontre aussi des problèmes au Kirghizstan voisin: son représentant pour ce pays, Sean Daley, a été blessé par balles après une tentative de meurtre dans la capitale kirghize alors qu’il négociait avec les autorités pour récupérer la licence d’exploitation du projet aurifère Jerooy au nord-ouest du pays. Les autorités kirghizes ont retiré cette licence à Oxus en 2004 mais le groupe espère toujours recouvrer ce titre, a indiqué un porte-parole de la compagnie joint par l’AFP depuis Londres. Une commission parlementaire qui enquête sur les activités commerciales de l’ex-président Askar Akaïev, renversé l’an passé, réclame de son côté la révision de la privatisation de la mine d’or Koumtor détenue par le groupe canadien Centerra et qui contribue à 10% du PIB du pays. Pour Rob Edwards, analyste spécialiste des métaux à la société d’investissement Renaissance Capital à Moscou, les investisseurs étrangers devraient au final se détourner de l’Asie centrale, à l’exception du Kazakhstan, qui mène une politique plus bienveillante envers les investisseurs étrangers. Cette zone “a un grand potentiel” mais les autorités locales “ont du mal à comprendre comment les projets sont financés”, observe-t-il. |
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