[21/08/2006 15:56:44] PARIS (AFP) Le renforcement des contrôles antiterroristes devraient encore gonfler les dépenses de sûreté des compagnies aériennes qui, déjà confrontées à la flambée des prix du pétrole, appellent les Etats à financer une partie de l’addition et commencent à faire payer les passagers. Echaudée par le chaos dans les aéroports londoniens après l’alerte terroriste consécutive à la découverte le 9 août d’un projet d’attentat, l’Association internationale du transport aérien (IATA), qui regroupe 260 compagnies aériennes, exige le soutien financier des Etats pour la protection des voyageurs. “La sûreté nationale relève de la responsabilité des gouvernements. Ceux-ci doivent prendre la responsabilité de l’addition”, assène le président de l’IATA, Giovanni Bisignani, dans un entretien publié samedi par le Monde. Le transport aérien estime avoir suffisamment contribué aux efforts en matière de sûreté ces dernières années. Le secteur y a consacré 5,6 milliards de dollars (4,4 milliards d’euros) supplémentaires par an et dans le monde depuis les attentats du 11 septembre 2001, selon l’IATA. Contrairement aux Etats-Unis, où l’Etat fédéral assure de nouveau les contrôles de sûreté depuis cinq ans, la majorité des Etats européens sous-traitent cette mission régalienne aux aéroports, qui facturent ce service aux compagnies aériennes via une taxe acquittée par le passager. A l’aéroport parisien de Roissy Charles-de-Gaulle, elle a plus que triplé depuis 2001 et s’élève à 8,50 euros par billet. D’autres dépenses sont à la charge des compagnies: renforcement des portes de cockpit, surveillance accrue des avions au sol, contrôles documentaires…
Une partie de ces coûts est répercutée sur les voyageurs, via une “surcharge sûreté”, de 3 euros chez Air France. Mais “plusieurs dizaines de millions d’euros par an restent à la charge de la compagnie” française, explique une porte-parole. Au total, selon une étude de la Commission européenne publiée début août, les dépenses de sûreté dans les 15 Etats européens (audités en 2002) atteignaient entre 2,5 et 3,6 milliards d’euros, dont seuls 650 millions ont été payés par les Etats, contre 1,3 milliard pour les aéroports et de 0,5 à 1,6 milliard pour les compagnies. Or la facture promet de s’alourdir, en raison des restrictions appliquées aux bagages à main et à la fouille désormais systématique en passerelle, pour les passagers à destination des Etats-Unis. “Nous devons à présent transporter plus de bagages en soute et procéder à deux fois plus de contrôles. Cela peut rapidement coûter 3 à 4 euros par passager”, déplore le patron de Lufthansa, Wolgang Mayrhuber. L’impact financier devrait toutefois rester limité car les passagers continueront à financer l’essentiel des surcoûts, estime Penny Butcher, analyste chez Morgan Stanley. “Ces mesures n’entraîneront pas des coûts massifs pour l’industrie. Les aéroports vont certainement tenter de faire payer une partie des dépenses aux compagnies mais elles répercuteront vraisemblablement ces hausses tarifaires sur le prix des billets”, juge-t-elle. Les transporteurs à bas coûts ont été prompts à réagir. La britannique easyJet a décidé de facturer 5 livres chaque bagage en soute, au-delà d’une valise. Sa concurrente irlandaise Ryanair, qui fait déjà payer 5 livres tout bagage en soute, réduira le poids maximum autorisé à 15 kilogrammes au 1er novembre. L’enjeu: préserver un modèle économique “low-cost” fondé sur un maximum de rotations quotidiennes, un minimum de personnel et un poids embarqué réduit, destiné à économiser du carburant. |
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