Maisons de retraite privées : “l’or gris” aiguise les appétits financiers

 
 
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Une résidente d’une maison de retraite dort sur sa chaise après avoir mangé, le 27 juillet 2006 à Lezoux (Photo : Thierry Zoccolan)

[24/08/2006 08:31:01] PARIS (AFP) Les maisons de retraite n’échappent pas au monde de la finance: fusions, entrées en Bourse, les grandes manoeuvres se multiplient parmi les groupes privés du secteur, auxquels est promis un avenir radieux en raison du veillissement de la population dans les pays développés.

Les besoins d’hébergement vont donc inévitablement exploser: il faudra 25% de places en plus en 2010, soit entre 40 et 60.000 places à créer, selon un rapport du Commissariat au plan paru en juillet.

Le secteur privé de l’hébergement des personnes âgées, qui représente actuellement environ 20% des quelque 400.000 lits d’accueil en France, est en pleine croissance, à l’image d’Orpéa, numéro deux français, qui a doublé son chiffre d’affaires en trois ans (310 millions d’euros en 2005) et triplé son cours de Bourse.

Mais il reste aussi très “atomisé”, constate Stephan Dubosq, analyste spécialisé chez Arkeon Finance.

A l’exception de quelques rares groupes commerciaux importants (Orpéa, Medidep…), la plupart des résidences privées sont indépendantes, souvent détenues par des personnes physiques, des associations et des mutuelles.

Pour Stephan Dubosq, la montée en puissance des groupes privés lucratifs relève d’une “logique implacable” car “ce sont les seuls à avoir les moyens” suffisants pour répondre à la demande.

L'”or gris” aiguise donc les appétits et le phénomène n’est pas spécifique à la France: les fonds d’investissement sont très intéressés parce que “l’activité dégage beaucoup de liquidités”, explique M. Dubosq.

Et les fonds sont prêts à payer cher: l’européen BC Partners a ainsi déboursé 750 millions d’euros en juillet pour racheter le groupe français Medica à un autre fonds européen, Bridgepoint, qui l’avait acquis en 2003 pour 330 millions.

Surtout, l’éclatement du secteur entraîne sa concentration. En France, Medidep, entré en Bourse en 1998, vient de se faire absorber par un autre groupe, Suren, qui est lui-même le fruit de quatre rapprochements successifs en cinq ans.

L’entité Medidep-Suren, désormais numéro un du secteur avec plus de 10.000 lits et 130 établissements environ, va faire son entrée à la Bourse prochainement.

“La concentration va continuer”, prévoit un autre analyste du secteur, sous couvert d’anonymat.

Inspiré par le succès boursier de Medidep (le prix de l’action a quasiment décuplé entre 1998 et 2006), Orpéa a choisi la même voie en 2002. Introduit à 12,80 euros, le titre se négocie aujourd’hui aux alentours de 50 euros.

“La Bourse est un instrument idéal”, pour “se donner des moyens de développement dans un secteur avec des besoins extrêmement importants”, explique Jean-Claude Marian, président du groupe et propriétaire de 30% du capital.

Il a acheté mi-juillet un groupe de 15 établissements en Espagne, un marché jugé particulièrement prometteur, comme l’Italie.

Sa méthode: acheter des établissements existants et en faire des résidences relativement haut de gamme. C’est sur la partie hôtellerie, aux tarifs libres, que les groupes commerciaux font leurs bénéfices, le coût des soins étant réglementé par l’Etat.

Un mois d’hébergement dans une résidence Orpéa peut atteindre 2.000 euros.

Cette année, c’est Le Noble Age, petit groupe de 19 établissements, (chiffre d’affaires de 29,2 millions d’euros au premier semestre) qui se sent pousser des ailes. Il est entré en Bourse au mois de juin et son titre s’est déjà envolé de près de 20%.

Le Noble Age dit vouloir “doubler de taille en trois ans”, comme Orpéa…

 24/08/2006 08:31:01 – © 2006 AFP