[24/08/2006 08:28:41] BEYROUTH (AFP) Le blocus aérien et maritime israélien, en vigueur depuis 42 jours, n’a pas seulement infligé des centaines de millions de dollars de pertes aux secteurs productifs, mais tue progressivement la capacité du pays à produire et à exporter à l’avenir. La destruction de 600 kilomètres de route et de 77 ponts dans les raids israéliens entrave quasi-totalement les mouvements d’import-export par voie terrestre, également paralysés par voie aérienne et maritime. Or Israël a confirmé son intention de maintenir son blocus en vigueur depuis le 12 juillet afin de s’assurer que le Hezbollah ne recevrait pas d’armes, en dépit de la trêve observée depuis le 14 août aux termes de la résolution 1701 du Conseil de sécurité qui a mis fin au conflit. Les pertes du secteur touristique, selon la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth, se chiffrent à deux milliards de dollars environ, alors que le Liban misait sur au moins 1,5 million de visiteurs cette année. Et “il y a très peu de chances pour que les touristes viennent au Liban dans un avenir proche”, a confié à l’AFP le président de la Chambre, Ghazi Koreitam. Agriculteurs et industriels ne sont plus en mesure d’exporter leurs produits, ni d’importer les matières premières nécessaires à leur activité pour les mois à venir. L’industrie enregistre des pertes quotidiennes de 30 M USD et le secteur agricole de 1,5 M USD, selon M. Koreitam. Le coût des destructions et dégâts infligés aux usines par les bombardements israéliens s’élève à 250 M USD, ajoute-t-il. “Les autres usines tournent à 20% de leur capacité en raison de la perte de la main d’oeuvre et de l’augmentation du prix du pétrole”. Le président des sociétés importatrices de pétrole, Bahige Abou Hamzé, a annoncé mercredi qu’Israël avait interdit l’entrée de trois pétroliers dans les ports libanais. En ce qui concerne l’agriculture, les pertes se chiffrent à ce jour à 120 M USD, dont 25 M de manque à gagner pendant le mois de l’offensive, selon Albert Nasr, expert à la Chambre de commerce. Le montant des pertes inclut les dégâts occasionnés aux exploitations agricoles, l’absence de récoltes et d’exploitation, depuis le bombardement à la frontière libano-syrienne d’une unité de conditionnement pour l’exportation. Mais le maintien du blocus est également en train d’étouffer dans l’oeuf la capacité de production de la saison prochaine en empêchant l’importation des semences, pesticides et engrais. “Les producteurs de fleurs n’ont pas pu importer les graines, ce qui signifie qu’ils ont perdu la prochaine saison de Noël”, cite à titre d’exemple M. Nasr. Le blocus porte également préjudice au port de Beyrouth par lequel transitent 85% des importations. Le port a perdu 7 M USD de recettes. Le Liban importe 85% de ses biens de consommation. Selon le président de la chambre internationale de navigation, Elie Zakhour, 18.000 conteneurs qui devaient arriver au port de Beyrouth ont dû être déchargés en Turquie, en Grèce, à Chypre, à Malte et en Syrie. S’agissant du transport aérien, le gouverneur de la Banque centrale du Liban, Riad Salamé, a fait valoir que “le passage obligatoire par Amman des avions desservant l’aéroport de Beyrouth ne favorisera pas l’importation et l’exportation des marchandises”. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a évalué “au moins à 15 milliards de dollars, sinon plus” l’ensemble des pertes économiques du Liban. |
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