[24/08/2006 12:55:06] FRANCFORT (AFP) Un ralentissement de la croissance est en vue en Allemagne, même si le moral des patrons reste bon et l’économie dynamique grâce à des investissements industriels solides, selon des données publiées jeudi. Le baromètre Ifo, qui mesure le moral des chefs d’entreprise en Allemagne, est ressorti jeudi en légère baisse pour le deuxième mois consécutif. A 105 points contre 105,6 points en juillet, il se maintient toutefois à haut niveau. “La conjoncture économique en Allemagne reste bonne”, résume l’Ifo dans un communiqué. Les entrepreneurs jugent la situation actuelle de l’économie allemande toujours très positive: la composante de l’Ifo mesurant les affaires courantes est restée inchangée à 108,6 points. La première économie de la zone euro a connu un deuxième trimestre faste. Le PIB de l’Allemagne a progressé de 0,9% sur la période comparé au trimestre précédent, du jamais vu depuis cinq ans. Selon des chiffres détaillés publiés également jeudi, la croissance a été tirée principalement par les investissements dans l’industrie et le bâtiment (+3,5%). Les exportations ont certes ralenti, mais elle ont encore apporté une contribution positive (+0,7%). Ces chiffres confirment que l’Allemagne, longtemps tirée uniquement par le dynamisme de son commerce extérieur, peut s’appuyer désormais sur un marché domestique plus dynamique. Sérieux bémol toutefois, les dépenses des ménages sont toujours en berne (-0,4%). A titre de comparaison, la croissance en France est ressortie à 1,1% au deuxième trimestre, grâce là aussi aux investissements des entreprises. Dopée par des rentrées fiscales meilleures que prévu, l’Allemagne semble du coup en bonne voie pour revenir cette année dans les clous du Pacte de stabilité européen, qui limite le déficit public à 3% du PIB. Le déficit allemand dépasse ce seuil depuis 2002, mais au premier semestre il était retombé à 2,5%.
Malgré tout, l’euphorie n’est pas franchement de mise. “Un certain nombre d’éléments donnent à penser que la croissance va se poursuivre, mais à un rythme moins élevé”, a déclaré le chef économiste de l’Ifo, Gernot Nerb, dans une interview à l’agence dpa. Les milieux d’affaires ne sont guère optimistes pour les prochains mois. La composante de l’indice Ifo mesurant les attentes des patrons sur les six mois à venir a reculé pour la deuxième fois consécutive, de 1,1 point à 101,5 points. “L’industrie, le secteur clé de l’économie allemande, commence à sentir les effets du ralentissement de l’économie mondiale et les effets négatifs de l’euro fort sur ses exportations”, commente Ralph Solveen, analyste à la Commerzbank. Dans les prochains mois, l’économie mondiale n’apportera plus le même soutien, alors que le pétrole flambe et que la croissance américaine devrait ralentir. La décélération attendue va très probablement s’accentuer début 2007 avec la hausse de la TVA en Allemagne. Cette réforme très contestée pourrait bien plomber définitivement une consommation des ménages déjà bien fragile. La baisse de l’Ifo survient après la chute mardi de l’autre grand indicateur conjoncturel en Allemagne, le ZEW. Le baromètre, qui mesure les attentes du secteur financier à six mois, a dévissé de 20,7 points à -5,6 points. “La récente baisse des principaux indicateurs signale que la reprise en Allemagne et en zone euro va perdre en dynamisme. Néanmoins, la croissance reste raisonnablement solide”, résume Holger Schmieding de Bank of America. “La demande intérieure n’a jamais été aussi solide depuis six ans. Il faudrait un choc externe majeur et pas simplement un ralentissement de la croissance au Etats-Unis, pour tuer la reprise dans l’oeuf”, concluait-il. |
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