Retour des Français vers la Bourse : un regain teinté de prudence

 
 
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Vue du palais Brongniart, place de la Bourse à Paris (Photo : François Guillot)

[27/08/2006 11:36:25] PARIS (AFP) Les placements en actions ont effectué un net retour en grâce dans le coeur des Français en 2005, mais ce regain encore fragile masque une prudence persistante des épargnants envers la détention de titres en direct.

“On a connu une très belle année 2005 après des années qui ont été plus dures au niveau boursier”, témoigne Carolina Griseri, chef de produits Bourse au sein de la société de courtage en ligne Symphonis.

Selon elle, l’investissement boursier commence à remonter la pente, après avoir été boudé au lendemain de la chute des marchés du début de la décennie.

“En 2000, juste après le boom de la fin des années 1990, on a vu un désintérêt croissant des particuliers vis-à-vis de la Bourse”, lié la chute des cours, explique-t-elle.

Mais avec le renversement de tendance des marchés en 2004 et 2005, deux années de forte progression du CAC 40 (respectivement +7,4% et +23,4%), “on a remarqué un regain d’intérêt très net, qui se traduit par des ouvertures de comptes et une augmentation conséquente du nombre d’ordres passés par les clients”.

Une embellie confirmée par une étude de l’Autorité des marchés financiers (AMF), le “gendarme” de la Bourse de Paris.

“Les ménages se sont dirigés beaucoup plus massivement vers les actifs risqués en 2005”, affirme cette enquête publiée lundi dernier.

Alors que les achats de placements à fort contenu en actions étaient tombés à 12 milliards d’euros par an en moyenne de 2001 à 2004, en plein choc de l’éclatement de la bulle internet et des attentats du World Trade Center, ils ont grimpé à 47 milliards d’euros l’an dernier.

Les placements risqués représentent désormais 20% du patrimoine financier des Français, contre 15% il y a quatre ans.

Ce retour en force des Français vers les placements en actions s’explique largement, selon l’AMF, par les introductions en Bourse très populaires d’EDF et GDF en 2005: le groupe d’électricité public avait séduit près de 5 millions de particuliers, du jamais vu pour une société française, et le groupe gazier plus de 3 millions.

Et à en croire Carolina Griseri, la chute des indices boursiers au printemps dernier, qui a vu le CAC 40 chuter de 13% en un mois, ne devrait pas enrayer ce retour des Français vers la Bourse, la correction ne s’étant pas prolongée excessivement.

Cependant, “il convient de faire preuve de prudence face à ces chiffres” souligne Didier Davydoff, qui dirige l’Observatoire de l’épargne européenne, car “s’il est vrai que les ménages ont acheté beaucoup d’actions en 2005, ils en ont revendu encore plus”, ce qui fait qu’ils sont restés comme les années précédentes vendeurs nets d’actions, pour 2,9 milliards d’euros.

Et la prudence des particuliers vis-à-vis de la Bourse se manifeste, selon ce fin connaisseur des tendances en matière d’épargne, par un engouement croissant à l’égard des placements intermédiaires, comme les fonds de gestion pilotés par des professionnels (les OPCVM) ou les contrats d’assurance-vie.

“Les placements collectifs permettent de gagner du temps et de diversifier plus facilement son portefeuille, notamment quand il est petit”, explique-t-il.

Un phénomène que confirme Carolina Griseri: “Le gros du marché est fait par les actions détenues en direct mais, depuis les années 2000, on voit également un gain d’intérêt progressif de la part des particuliers envers les placements collectifs”.

 27/08/2006 11:36:25 – © 2006 AFP