La chute de Tower Records marque l’avènement de l’ère numérique

 
 
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Une femme fait son shopping à Tower Records, le 6 février 2004 à Los Angeles (Photo : Robyn Beck)

[28/08/2006 07:46:38] WASHINGTON (AFP) Qui a tué Tower Records? L’internet semble le principal suspect dans la chute de l’enseigne de ventes de musique pionnière du secteur, qui s’est mise en faillite ce mois ci pour la seconde fois en deux ans aux Etats-Unis.

Mais les analystes soulignent que l’augmentation du téléchargement de musique n’est qu’un facteur parmi d’autres dans l’échec de Tower, qui avait lancé son concept de supermarchés musicaux en Californie dans les années 1960 avant de se développer à l’international.

Tower, dont les activités hors Etats-Unis ne sont pas concernées par la faillite, n’a pas réussi à s’adapter à un paysage en évolution rapide, avec l’irrution d’acteurs comme le magasin en ligne Amazon.com, le géant de la distribution Wal-Mart, ou le développement de la musique numérique.

Sa faillite “est un signe de l’évolution du secteur musical”, estime Phil Leigh du cabinet d’étude de marchés Inside Digital Media.

“Il est assez clair que la musique est de plus vendue par le biais d’internet, comme la vidéo le sera ensuite”, estime-t-il.

Les ventes de CD ont baissé de 6% dans le monde en 2005, selon la fédération de l’industrie musicale, alors que celles d’enregistrements numériques ont augmenté de 188% — une tendance qui dure depuis quelques années déjà.

Mais le numérique ne représente que 5% environ des ventes de musique.

Pour David Card, analyste de la société Jupiter Research, il est “tout simplement ridicule” d’accuser l’iPod et les baladeurs numériques de la chute de Tower.

“Les ventes de musique baissent régulièrement depuis 1999, pour diverses raisons comme la concurrence des DVD et des jeux vidéos, le vieillissement de la génération du baby-boom, et seulement très récemment le téléchargement musical. La musique numérique n’est que de la petite bière comparé aux ventes de CD”, assure M. Card.

Le CD a toujours de beaux jours devant lui parce qu’il a une meilleure qualité de son et qu’il peut être copié sans restriction, souligne-t-il.

“Si je veux acheter quelque chose de pas cher ou essayer un nouveau groupe, peut-être que je choisirai l’économie et donc le numérique, mais sinon je préfèrerai le produit physique, et je serai prêt à payer quelques dollars de plus pour cela”, ajoute-t-il.

L’érosion des marges est aussi un problème pour les vendeurs de musique.

Wal-Mart cause dans doute du tort à Tower en bradant les CD pour en faire des produits d’appel qui lui permettent de remplir ses magasins.

Cependant les analystes jugent qu’il y a sans doute moyen de gagner de l’argent dans la vente de CD pour les entreprises comme Tower, qui espère trouver un repreneur pour ses activités américaines.

Pour cela, il faut associer les atouts des magasins pour les opérations promotionnelles aux avantages de l’internet pour les ventes en ligne et le numérique, estime M. Card.

“Si vous avez des magasins et un service numérique je pense que vous pouvez y arriver”, affirme-t-il. “Par exemple, vous pourriez acheter un album en ligne et venir le chercher au magasin”, estime-t-il.

M. Leigh estime que Tower “aurait pu mieux faire pour positionner leur marque dans le cyber-espace” pour concurrencer Amazon.

En fait tout est peut-être un problème d’adaptation.

“Tower était l’un des plus gros sur le marché, et si l’évolution des espèces nous sert de guide, ce n’est pas le plus gros qui survit, mais celui qui s’adapte le mieux au changement”, affirme-t-il.

 28/08/2006 07:46:38 – © 2006 AFP