Banque : avec deux géants, l’Italie joue désormais dans la cour des grands

 
 
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Les logos de Banca Intesa et de Sanpaolo IMI (Photo : Patrick Hertzog)

[28/08/2006 16:41:48] ROME (AFP) La fusion Banca Intesa et Sanpaolo IMI, un an après le rachat de l’Allemande Hypovereinsbank (HBV) par UniCredit, fait entrer l’Italie dans le club des grands de la banque en Europe avec deux groupes en mesure de jouer les prédateurs sur le marché mondial.

Le chef du gouvernement italien Romano Prodi a donné le ton dans ses premiers commentaires sur la fusion Intesa-Sanpaolo, qui place la nouvelle entité au sixième rang européen.

“Je suis en faveur de la concurrence, mais plutôt que d’être toujours les proies, j’aimerais que parfois, nous soyons prédateurs”, a-t-il déclaré.

“Cette fusion peut aider le développement de notre pays avec une présence italienne sur les marchés étrangers”, a-t-il ajouté, avant de souligner: “nous n’avons même pas une banque en Chine”.

Cette grande fusion bancaire italienne intervient 100 jours après son investiture à la tête d’un gouvernement de gauche et tranche avec les pratiques en vigueur pendant les cinq années du mandat de son prédécesseur, le très libéral Silvio Berlusconi.

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Les principales banques en Europe

Il y a un an, le monde bancaire italien était secoué par le scandale déclenché par les interventions du gouverneur de la Banque d’Italie Antonio Fazio pour bloquer au nom de “l’italianité” les OPA lancées sur deux établissements italiens — Antonveneta et BNL — par les groupes néerlandais ABM-Amro et espagnol Banco de Bilbao Vizcaya Argentaria (BBVA).

L’affaire a coûté son poste à Antonio Fazio, contraint de démissionner, et les deux banques italiennes ont finalement été absorbées par des étrangers: Antonveneta par ABN-Amro et BNL par le français BNP-Paribas.

Le nouveau gouverneur de la Banque d’Italie, Mario Draghi, s’est prononcé pour les rapprochements transfrontaliers et l’accroissement de la concurrence dans le secteur bancaire en Italie.

La première grande manoeuvre a été lancée par UniCredit avec l’absorbtion de l’Allemande HBV. Mais à l’époque, les experts italiens se montraient pessimistes sur les capacités des banques italiennes à devenir des champions européens.

“Au fur et à mesure que les concurrents se renforcent, le risque de devenir une proie augmente pour elles”, soulignait le quotidien du patronat italien Il Sole 24 Ore, citant Banca Intesa, dont 15% du capital est contrôlé par le Crédit Agricole et Sanpaolo, partenaire de l’Espagnol Santander.

La fusion Intesa-Sanpaolo a changé la donne et tous les regards en Italie sont désormais braqués sur la fondation bancaire italienne Monte dei Paschi di Siena (MPS).

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Près du siège milanais de la banque Intesa, une personne lit un journal dont la Une est consacrée à la fusion, le 26 août 2006 (Photo : Paco Serinelli)

Son président Gabriello Mancini s’est efforcé de démentir les menaces d’OPA étrangère évoquées par le sénateur Nicola Latorre, un proche du chef de la diplomatie italienne Massimo d’Alema, président des Démocrates de Gauche (DS), le premier parti de la coalition gouvernementale.

“Je ne pense pas que MPS risque une OPA étrangère, à partir du moment où la fondation contrôle 58% du capital”, a-t-il affirmé, cité dimanche par Il Sole.

“Certes, la banque doit croître (…) mais sans se laisser guider par la frénésie ni par les politiciens”, a-t-il ajouté. MPS détient 1,07% de Sanpaolo IMI et son conseil d’administration doit décider ce qu’il compte faire de cette participation.

Et Gabriello Mancini a annoncé chercher des partenaires étrangers pour son secteur assurance-vie. Les noms des groupes Aegon (Pays Bas), AXA et Prudential sont évoqués.

Nouveau géant bancaire, l’entité à naître de la fusion Intesa-Sanpaolo devrait être très présente sur les marchés d’Europe de l’Est, où les deux groupes italiens ont acheté des banques, souligne Christian Scarafia de l’agence de notation Fitch cité par l’agence italienne Ansa.

Et cette fusion devrait agir comme catalyseur pour d’autres opérations dans le secteur, estime-t-il. Plusieurs rapprochements sont évoqués par la presse, concernant le groupe allemand Commerzbank et la banque britannique Lloyds TSB, notamment après les déclarations du PDG de Bank of America Kenneth Lewis, qui a évoqué la possibilité d’une très grande acquisition.

 28/08/2006 16:41:48 – © 2006 AFP