Le pouvoir d’achat des Français rogné par le logement et l’énergie

 
 
SGE.IBX02.280806152827.photo00.quicklook.default-245x162.jpg
Des personnes font leurs courses dans un hypermarché près de Caen (Photo : Mychèle Daniau)

[28/08/2006 15:28:49] PARIS (AFP) Alors que le pouvoir d’achat s’annonce comme un des thèmes de la rentrée, sa timide progression est déjà sérieusement amputée par des frais incontournables tels que le logement et l’énergie, qui rognent sur les budgets consacrés à l’habillement, l’alimentation et le loisir.

Le pouvoir d’achat n’a progressé que de 21 euros (0,9%) sur un an entre juin 2005 et juin 2006, selon le mensuel de l’Institut national de la consommation (INC), 60 millions de consommateurs, à paraître mardi.

La progression de 0,9% correspond à celle publiée par le ministère de l’Emploi le 18 août. Cependant, l’INC la calcule en intégrant l’énergie (carburants, gaz, combustibles) et les loyers, qui ne pèsent pas autant dans l’indice des prix de l’Insee.

Selon l’Insee, qui prévoit une hausse de 2,4% du pouvoir d’achat en 2006, les prix à la consommation ont augmenté de 1,9% sur un an en juillet.

“Ce qu’on constate, ce sont les limites de l’indice des prix à la consommation de l’Insee. Il serait temps de le revoir et mettre en place un indice du coût de la vie”, a affirmé à l’AFP Marie-Jeanne Husset, directrice de rédaction de 60 millions de consommateurs.

“Revoir cet indice, c’est se reposer la question de savoir ce que signifie +consommer+. Est-ce qu’acheter un logement, c’est consommer ? Pour l’Insee, non. Est-ce qu’acheter une voiture, c’est consommer ? Non, pour l’Insee”, souligne-t-elle.

“Il y a également ces nouveaux modes de consommation liés aux nouvelles technologies, à ces abonnements sur le long terme pour être connecté à internet ou à la téléphonie mobile, mais qui n’interviennent pas dans l’indice Insee”, ajoute-t-elle.

Françoise Morel, chef du département prix, consommation, revenus des ménages à l’Insee, admet qu’on “ne peut pas se contenter d’un seul indicateur”. Mais elle le juge néanmoins pertinent. “Il y a des indices par catégories de ménages actualisés chaque année (…) mais les écarts sont finalement très voisins de l’indice d’ensemble”, ajoute-t-elle.

Pour arriver à sa progression de 0,9%, l’INC compare le revenu brut par ménage en juin 2006 par rapport à juin 2005, et en soustrait différentes hausses de prix. Ainsi, en juin 2006, le revenu brut se montait à 2.488 euros par mois en moyenne et par ménage, soit 68 euros de plus qu’en juin 2005.

Cependant, sur ces 68 euros, l’INC établit que 47 ont été alloués à des hausses (+10 euros pour les carburants, +6 pour le gaz, +5 pour les combustibles liquides, +4 pour les loyers), ne laissant plus que 21 euros d’augmentation réelle.

“Il y a une distorsion entre les chiffres qui font entrevoir une progression du pouvoir d’achat, et le ressenti des consommateurs”, estime Christian Huard, président de ConsoFrance, la plus importante fédération d’associations de consommateurs.

“Les gens se sentent plus pauvres, parce que depuis 2004, plus de 50% des recettes des ménages sont bloquées par des dépenses obligatoires (factures de loyer, énergie, impôts). Avec cela, il reste très peu pour l’habillement, l’alimentation, les loisirs”, dit-il.

“On s’appauvrit. Et même si on achète des ordinateurs, au fond, la part que le ménage peut dépenser librement dans le budget devient de plus en plus réduite”, renchérit Mme Husset.

Pour répondre à cette situation, le Premier ministre Dominique de Villepin pourrait confirmer dès lundi soir des mesures en faveur du pouvoir d’achat des Français, notamment la revalorisation de la Prime pour l’emploi (PPE) et l’instauration d’un chèque transport.

 28/08/2006 15:28:49 – © 2006 AFP