[29/08/2006 17:01:28] LONDRES (AFP) Après le propane, BP est à présent soupçonné d’avoir manipulé les cours du brut et du sans plomb aux Etats-Unis, des enquêtes qui s’ajoutent à celles sur une pollution en Alaska et sur l’explosion de la raffinerie de Texas City en 2005. Le groupe a confirmé mardi que la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), qui régule les échanges à terme de matières premières aux Etats-Unis, enquêtait pour déterminer si BP avait influencé les cours du brut en 2003 et 2004, et ceux de l’essence sans-plomb lors d’une séance unique en 2002. “Nous sommes au courant” de ces enquêtes “et nous coopérons pleinement”, a indiqué un porte-parole de BP à l’AFP. La nouvelle s’ajoute à une série noire du groupe aux Etats-Unis, qui a commencé en mars 2005 avec une explosion à la raffinerie géante de Texas City, faisant 15 morts et au moins 170 blessés. Lundi, le directeur général John Browne a été sommé, avec un autre haut responsable, de témoigner par écrit et sous serment sur cette affaire. Le groupe a fait appel, estimant que les deux hommes n’avaient pas été suffisamment en contact direct avec les faits pour témoigner. BP fait aussi l’objet d’une enquête sur ses installations en Alaska après la fuite sur un oléoduc du champ de Prudhoe Bay qui y a causé il y a quelques mois la pire pollution de l’histoire de la région. Une nouvelle fuite plus petite sur ce même champ, le plus gros des Etats-Unis, a conduit le groupe à fermer temporairement le site début août, avant de redémarrer la moitié de la production, soit 200.000 barils par jour, et de connaître un nouveau problème la semaine dernière avec la panne d’un compresseur. Les enquêtes ouvertes sur les cours du brut et du sans-plomb, qui n’ont encore débouché sur aucune poursuite, insiste-t-on chez BP, viennent après des soupçons similaires de manipulation des cours du propane, révélés fin juin. La nouvelle affaire, qui ne concerne pas uniquement BP, selon une source proche du dossier interrogée par l’AFP, risque de mettre l’accent sur la position ambiguë des courtiers du groupe, qui interviennent à la fois sur la commercialisation des produits maison mais aussi sur l’ensemble des marchés de l’énergie. Elle pourrait aussi relancer le débat sur la position dominante du britannique qui contrôle 40% des stocks du terminal de Cushing, en Oklahoma, où est livré le pétrole commercialisé sur le New York Mercantile Exchange, le marché à terme de l’énergie. BP semble rejoindre sous le feu des media sa concurrente Royal Dutch Shell, qui a connu en 2004 un scandale de réserves sur-évaluées, et fait l’objet de critiques des écologistes sur le projet géant de Sakhaline-2, en extrême-Orient russe, qui menacerait la faune locale. BP, qui consacre par ailleurs des centaines de millions de dollars à investir dans les énergies nouvelles, veut se montrer transparent dans toutes ces affaires, à un moment délicat de transition qui verra M. Browne partir en retraite fin 2008 pour être vraisemblablement remplacé par un des actuels directeurs du groupe. Interrogé fin juin sur l’affaire du propane, M. Browne avait indiqué avoir fait opérer des changements sur la branche commercialisation depuis 2004, soit après la date des diverses transactions épinglées. BP vient de mandater le cabinet KPMG pour un audit des mesures adoptées. Sur l’explosion de Texas City et la pollution en Alaska, de même, M. Browne a déjà admis que “la situation n’était pas bonne”. “Je me suis déjà excusé et m’excuserai encore en mon nom et au nom de toute l’équipe”, avait-il dit fin juillet, assurant que BP avait pris des mesures vigoureuses pour que de tels événements ne se reproduisent pas. |
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