[30/08/2006 15:08:15] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne a adopté mercredi les mesures antidumping visant les chaussures importées de Chine et du Vietnam, proposées fin juillet par le commissaire au Commerce Peter Mandelson mais rejetées à ce moment-là par une majorité des Etats membres de l’UE, a indiqué un porte-parole. Cette décision revient à mettre au défi les 25 de trouver un accord entre eux d’ici au 6 octobre, lorsque les mesures temporaires actuellement en place viendront à échéance. Il appartient désormais à la présidence finlandaise de l’UE d’amener les Etats membres à se prononcer. Réagissant à cette annonce, les représentants des marques internationales qui font fabriquer en Chine et au Vietnam pour distribuer dans l’UE ont aussitôt appelé les Etats Membres à rejeter la voie du protectionnisme. La Commission, sur la base d’une longue enquête confirmant le dumping des fabricants chinois et vietnamiens de chaussures à dessus cuir, propose de les taxer à l’importation en Europe de respectivement 16,5 et 10%. “La Commission a rempli ses obligations et ses responsabilités et a mis sur la table une proposition raisonnable. Il revient maintenant aux Etats membres d’en débattre entre eux”, a commenté Peter Power, porte-parole de M. Mandelson. Fin juillet, cette proposition de la Commission s’était heurtée à l’opposition de 14 Etats membres, entraînés par les “libéraux nordiques” hostiles aux mesures antidumping, lors d’une réunion du comité consultatif anti-dumping de l’UE. Une précédente proposition, jugée au contraire trop complaisante par les “protectionnistes du Sud” conduits par l’Italie, n’avait pas non plus recueilli le consensus des 25. En l’absence d’accord entre les Etats membres, les mesures temporaires actuellement en vigueur (taxation de 19,4% et 16,8% respectivement des chaussures chinoises et vietnamiennes) ne seront pas remplacées, laissant la voie libre aux importations. “L’avis rendu par le comité consultatif en juillet ne reflète pas nécessairement la position que les ministres prendront en septembre”, a estimé M. Power. “Maintenant que ces propositions sont formellement sur la table, les obligations légales des Etats membres sont plus fortes et ils pourraient être attaqués (devant la justice européenne) s’ils ne les respectaient pas”, a précisé une source communautaire. La Commission souligne que ces mesures antidumping concernent environ 11% des chaussures vendues chaque année dans l’UE et estime que les hausses de prix pour les consommateurs consécutives à ces mesures seront limitées. “Nous espérons que les Etats membres rejetteront cette proposition protectionniste en septembre”, a réagi Horst Widmann, président de la FESI (Federation of the European Sporting Goods Industry), qui regroupe des grandes marques de chaussures de sport comme Adidas, Nike, Puma ou Reebok. “La plupart d’entre eux ont compris que l’Europe ne devait pas sacrifier sa compétitivité et les intérêts des consommateurs dans le seul but de protéger une poignée de fabricants de la compétition globale”, a-t-il ajouté. Même son de cloche du côté de l’European Branded Footwear Coalition (Timberland, Hush Puppies, Rockport, Kickers, Ellesse, etc.) qui appelle les 25 à “résister aux pressions politiques des forces protectionnistes au sein de l’UE”. “Des mesures protectionnistes n’apportent rien au soutien à une industrie européenne forte”, ajoute la coalition, qui met l’accent sur l’innovation et le design pour promouvoir une activité forte de centaines de milliers d’emplois. La Commission affirme elle que l’industrie manufacturière européenne a perdu 40.000 emplois dans la chaussure depuis 2001 et que “l’intervention étatique et le dumping en Chine et au Vietnam ont exacerbé une concurrence intense”. |
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