[31/08/2006 09:51:36] ROME (AFP) Romano Prodi affronte avec le budget 2007 la véritable épreuve de ses cent premiers jours à la tête du gouvernement italien et son adversaire Silvio Berlusconi espère sa chute sur cet obstacle. “Il Professore”, 67 ans, a célébré jeudi le premier trimestre de son quinquennat lors d’un conseil des ministres consacré à l’examen des grandes lignes du projet de budget. Pour l’instant, il bénéficie d’une conjoncture économique favorable, tient sa coalition, engrange les succès et s’est placé au premier plan sur la scène européenne et internationale avec le rôle moteur donné à l’Italie pour la force de paix de l’ONU au Liban, “ce qui a permis de surmonter les réticences de la France”, souligne le chef de la diplomatie italienne Massimo d’Alema. La victoire des “Azzuri” au Mondial de football a en outre rendu son orgueil à un pays sur le déclin, miné par les errances politiques et économiques de la droite menée par Silvio Berlusconi, et elle offre à Romano Prodi des métaphores très grand public pour expliquer son action. “Je suis comme le capitaine Canavarro, parce que le président du Conseil est sur le terrain et joue”, a-t-il ainsi lancé mardi soir à la fête de l’Udeur, la petite formation centriste de sa coalition, pour sa première sortie politique après les vacances. L’élaboration du budget s’annonce toutefois difficile. “Nous n’avons pas l’intention de faire pleurer le pays, mais nous devons redresser les comptes désastreux laissés par le gouvernement précédent”, a averti Romano Prodi. Mais cette politique d’austérité déplait à plusieurs de ses alliés. Le parti Refondation communiste exige ainsi d’étaler dans le temps l’assainissement des comptes publics promis à l’Union européenne pour ramener le déficit public italien à 3% du PIB en 2007. Clemente Mastella, le président de l’Udeur, réclame pour sa part de l’argent pour les familles et pour le développement du Mezzogiorno, parce que “c’est dans le sud que +l’Unione+ à pris les voix qui lui ont assuré la victoire” aux législatives d’avril, a-t-il rappelé. Silvio Berlusconi, qui n’a toujours pas accepté sa défaite, se délecte de ces prises de positions. Elles annoncent en effet des dissensions et pourraient faire tomber le gouvernement lors du vote du budget au Parlement, car l’Union de la gauche à une majorité très courte au Sénat avec 158 élus contre 156 à la droite et un indépendant. Qu’une seule voix vienne à manquer à Romano Prodi, et ce sera la chute, comme en 1998. “Renoncer à la rigueur serait désastreux”, a mis en garde mercredi le vice-président du patronat italien Andrea Pininfarina dans une interview publiée par le Corriere della Sera. “Si ce gouvernement a réussi à rester uni sur la politique étrangère, alors il doit aussi le faire sur la politique économique”, a ajouté l’industriel. “Le gouvernement est arrivé aux cent jours et il joue sa qualification pour la finale avec le budget”, a souligné Andrea Pininfarina. Romano Prodi a formé son gouvernement le 17 mai et obtenu la confiance du Parlement le 23 mai. Il se dit convaincu de tenir sa coalition pendant les 5 années de son mandat. Silvio Berlusconi, lui, mise sur sa chute prochaine, mais il lui arrive de douter. “Ils vont durer, ils vont durer (…) Ils vont durer cinq ans, peut être même plus. Le pouvoir unit, il ne divise pas”, a-t-il ainsi confié, déprimé, quelques jours après sa défaite, avant de se ressaisir et d’annoncer une opposition dure. |
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