Bilan social en demi-teinte cinq ans après la fermeture de Moulinex

 
 
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Des salariées de l’usine Seb ex-Moulinex de Fresnay rejoignent leurs postes de travail le 19 Janvier 2006 (Photo : Jean-François Monier)

[31/08/2006 10:03:02] CAEN (AFP) Cinq ans après la fermeture de Moulinex, l’Etat affiche un bilan positif avec 98% de reclassés, un chiffre contesté par les anciens salariés selon lesquels plus de la moitié des ex-employés du groupe d’électroménager n’ont pas retrouvé un emploi.

“Les chiffres présentés pour le reclassement sont tout à fait positifs, puisque le taux de reclassement atteint près de 98%”, assure le préfet de Basse-Normandie Cyrille Schott.

Parmi les 2.880 personnes ayant perdu leur emploi en Basse-Normandie, berceau historique du groupe qui avait déposé son bilan en septembre 2001, 1.375 ont trouvé une “solution sociale” et 1.438 une “solution d’emploi” ou de formation longue qualifiante, selon un bilan de la préfecture établi au 30 juin.

Une invalidité, une longue maladie, le bénéfice du plan amiante ou de mesures d’âge, un engagement dans une activité associative ou élective font partie des “solutions sociales”, tandis que les “solutions d’emploi” recouvrent les emplois en CDI et en CDD de plus de 6 mois et les créations d’activités ou d’entreprise.

“Ce résultat, obtenu dans un contexte économique très difficile, a nécessité la mobilisation permanente de moyens importants, tant humains que financiers, avec plus de 100 millions d’euros pour le seul plan social, pris en charge en totalité par l’Etat et l’Unedic”, se félicite la préfecture.

Mais, pour Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT dans le Calvados, “les trois préfets qui se sont succédés ont eu une seule ambition: dire que tout va bien dans le meilleur des mondes, mais il s’agit là du plus important dépôt de bilan des 20 dernières années et ça a vraiment été une catastrophe”.

Environ 50% des anciens salariés n’ont toujours pas retrouvé un emploi, selon lui. “La plupart des gens, avec une moyenne d’âge de 48 ans au moment de la fermeture, ont basculé dans le plan amiante et ne sont plus comptabilisés comme étant à la recherche d’un emploi”, regrette cet ancien délégué syndical de Moulinex.

“La fermeture a été un choc pour tout le monde. Il y en a qui se sont suicidés ou qui se sont laissés mourir”, témoigne Martine Titton, qui effectue depuis 2003 des missions d’intérim en tant que cariste.

“Le plus difficile c’est de se retrouver à 50 ans sans emploi, alors qu’on travaille depuis l’âge de 16 ans”, explique Josseline Berthaume, employée depuis 2003, chez son père souffrant, 11 heures et demie par semaine payées en chèque emploi-service 9,15 euros l’heure.

Comme près de 600 autres ex-salariés, Martine Titton a intenté un procès contre son ancien employeur pour licenciement abusif. En fonction de l’issue de ce premier procès, quelque 2.000 autres ex-Moulinex pourraient à leur tour porter plainte pour le même motif, selon l’association Apic-Mx, qui réunit 700 anciens salariés.

Déjà, le 14 avril, la cour d’appel de Caen avait donné gain de cause à seize d’entre eux, en leur accordant des indemnités allant de 10.000 à 18.000 euros, en raison notamment du non-respect des critères d’ordre de licenciement mis en place lors de la fermeture.

L’ancien fleuron français du petit électroménager avait déposé le bilan le 7 septembre 2001, après une décennie de crises depuis la mort en 1991 de son fondateur Jean Mantelet. En octobre 2001, son concurrent Seb l’avait partiellement repris, mais 3.700 personnes s’étaient retrouvées sans emploi sur 5.600 salariés en France.

 31/08/2006 10:03:02 – © 2006 AFP