[31/08/2006 17:12:08] DEARBORN (AFP) Le constructeur automobile américain Ford a annoncé jeudi qu’il envisageait de se séparer de la légendaire marque de voitures de sport britannique Aston Martin dans le cadre de son plan de restructuration engagé pour redresser sa situation. Le deuxième constructeur automobile américain, qui cherche les moyens de sortir de la crise en Amérique du nord, est resté assez prudent en annonçant sa décision, parlant d'”exploration des options stratégiques” pour Aston Martin. Le groupe souhaite se défaire de l’ensemble ou de parties de cette marque synonyme de coupés sport raffinés, qu’il avait intégrée dans son giron en 1986. Cette annonce est une relative surprise. Plusieurs observateurs ont évoqué l’hypothèse de la cession d’une des marques les moins rentables de Ford pour faciliter sa restructuration en cours, citant Jaguar en premier lieu. “Aston Martin disposant d’un réseau de distribution et de produits sensiblement différents, ce désengagement apparaît comme le plus logique”, a expliqué jeudi le PDG Bill Ford pour justifier le choix de cette marque. Une avis partagé par Brett Smith, analyste au Centre de recherche sur l’automobile (CAR), qui souligne que “cette marque est véritablement celle qui est la moins intégrée dans le groupe”.
Faisant écho aux spéculations sur une cession de Jaguar, Ford a souligné n’avoir pris “aucune décision, car notre revue stratégique se poursuit”. “Nous sommes encouragés par les progrès de Jaguar mais aussi par la force et le pouvoir d’attraction des marques Jaguar, Land Rover et Volvo”, a préféré souligner le groupe. Le désengagement doit permettre à Ford “de lever des capitaux qui seront réinvestis dans nos autres marques”. Le constructeur n’a pas indiqué le montant qu’il envisage de recueillir, et John Gardiner, porte-parole de Ford à Londres, a seulement indiqué que “plusieurs parties ont déjà manifesté leur intérêt”. Selon Brett Smith, “Ford risque d’obtenir moins que ce qu’il souhaite, car les acheteurs potentiels savent que Ford est en position de faiblesse”. Cette annonce intervient alors que Ford, mécontent des avancées de sa restructuration initiée en janvier, a annoncé en juillet vouloir présenter en septembre des mesures qui lui permettront d’accélérer son redressement. Le constructeur de Dearborn (Michigan, nord), qui a accusé une perte nette de 1,45 milliard de dollars sur le premier semestre –après un bénéfice de 2,1 milliards sur l’ensemble de 2005–, prévoit pour l’heure la fermeture de plusieurs usines et la suppression de 30.000 emplois d’ici 2012.
Le groupe a d’ores et déjà annoncé il y a 2 semaines qu’il allait réduire sa production nord-américaine de 21% au 4ème trimestre pour répondre à la baisse des ventes de ses 4×4, rentables mais délaissés des consommateurs car trop gourmands en carburant. Ford a refusé de commenter les spéculations sur les mesures additionnelles qu’il pourrait dévoiler en septembre. Le marché et les médias évoquent notamment des suppressions d’emplois supplémentaires –la direction a rencontré mardi dernier le syndicat de branche UAW–, et le retrait de Ford de la Bourse afin d’avoir les mains plus libres pour se restructurer. Ford caresserait également un projet d’alliance avec le franco-japonais Renault-Nissan si les actuelles négociations entre ce dernier et l’américain General Motors (GM) devaient achopper. Une cession d’une partie de la division de services financiers Ford Motor Credit, rentable, est également évoquée. Ford suivrait en cela l’exemple de GM, lui aussi en profonde crise, qui est en train de céder 51% de sa division financière GMAC pour 14 milliards. Selon une source interne à Ford, un conseil d’administration va se tenir le 11 septembre, et de nouvelles mesures pourraient être annoncées “dans les jours qui suivent” cette réunion. |
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