L’agressivité
économique et commerciale dont font preuve les entreprises marocaines en
Afrique au sud du Sahara est de plus en plus payante. Elles savent sans
doute que le continent, en mal de développement, est aujourd’hui convoité
par les plus importantes firmes internationales.
Pour ce faire, le Royaume chérifien a joué la carte de la proximité
géographique et culturelle qui le lie avec l’Afrique subsaharienne avec une
coopération traditionnelle ; un créneau que ses entreprises exploitent pour
établir des partenariats dans les domaines du commerce et des
investissements.
Ainsi, le marché africain est en passe de constituer un point stratégique
pour les entreprises marocaines, compte tenu de sa taille potentielle. C’est
ainsi que des groupes marocains comme Chaabi et Tazi sont devenus très
actifs en au Sénégal, en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Mali. Et les
entreprises marocaines sont de plus en plus visibles dans les secteurs de la
pêche et de l’irrigation, certaines institutions bancaires et financières
ont, elles aussi, activement intégré le marché africain à l’instar de la
BMCE (Banque marocaine pour le commerce extérieur) et Attijariwafa bank.
Et ce n’est pas tout. En effet, Maroc Telecom possède une participation de
50% dans le capital de la société mauritanienne Mauritel ; l’Office national
d’électricité marocain détient une fraction du capital de la société
sénégalaise SENELEC ; Royal Air Maroc (RAM), possède des participations dans
le capital d’Air Sénégal et a signé avec la Communauté économique et
monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) un protocole d’accord sur la
création d’une compagnie aérienne sous-régionale, baptisée Air Cemac. Dans
le même ordre d’idées, on apprend que cette compagnie aérienne aurait décidé
de prendre 51% du capital d’Air Mauritanie…
Cependant, tout ne se passe pas comme sur des roulettes, puisque des
obstacles du développement des échanges bilatéraux entre le Royaume et les
pays africains du sud du Sahara sont souvent handicapés par la faiblesse des
infrastructures de transports et des facteurs tarifaires dans générant des
surcoûts et limitant la compétitivité/prix des produits échangés. Certains
analystes marocains considèrent le commerce maroco-africain souffre
également d’une faible adaptation de la production marocaine aux besoins
spécifiques des marchés africains.
C’est pourquoi ils conseillent non seulement aux entreprises marocaines de
privilégier une stratégie de pénétration basée sur des considérations de
coûts, notamment au niveau de la filière textile et des produits de
consommation courante, mais estiment que les opportunités commerciales sur
le continent africain peuvent être concrétisées positivement à travers une
participation active du Maroc au Nouveau Partenariat pour le Développement
de l’Afrique (NEPAD).
“Le Maroc pourrait alors jouer un rôle important en s’associant à la
stratégie de coopération triangulaire, qui consiste canaliser les fonds
d’aide internationaux pour financer des projets d’infrastructure en Afrique
subsaharienne et d’en confier la maîtrise d’oeuvre à des prestataires de
services marocains, notamment les bureaux d’études, les entreprises de génie
civil et autres”, souligne-t-on du côté de Rabat.
Par ailleurs, il faut savoir que, pour la période 1999-2003, les
importations marocaines en provenance de ces pays ont principalement
concerné des produits agroalimentaires (54%) et énergétiques (36%), alors
que le pays y a surtout exporté des produits agroalimentaires (54%),
chimiques (18%) et textiles (15%).