GDF conteste les griefs de Bruxelles sur sa fusion avec Suez, sans apporter de remèdes

 
 
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Les PDG de Gaz de France Jean-Francois Cirelli (d) et de Suez Gérard Mestrallet, le 28 février 2006 à Paris (Photo : Joel Saget)

[01/09/2006 16:22:47] PARIS (AFP) Gaz de France a contesté vendredi l’ensemble des problèmes de concurrence soulevés par la Commission européenne à propos de sa fusion avec Suez, sans apporter encore de remèdes à Bruxelles.

GDF a réfuté “point par point” les griefs de Bruxelles, ont rapporté vendredi les administrateurs CGT du groupe, à l’issue d’un conseil d’administration (CA) convoqué à leur demande après une décision de justice.

Réuni au siège du groupe à Paris, le CA a débattu pendant deux heures du contenu de la lettre de griefs de Bruxelles reçue par les entreprises le 18 août et de la réponse de GDF, contenue dans une “lettre d’observations”, qui sera envoyée vendredi à la Commission européenne.

La direction du groupe gazier a indiqué que “ces observations”, votées par le CA malgré l’opposition des trois administrateurs de la CGT, restaient “confidentielles”.

De son côté, le groupe Suez, interrogé vendredi, s’est contenté d’affirmer qu’il “réservait ses réponses” à la Commission européenne.

Les groupes énergétiques français Suez et GDF, engagés depuis février dans un projet de fusion, avaient jusqu’à minuit, vendredi, pour répondre aux craintes de la Commission européenne.

Mais les administrateurs CGT – syndicat majoritaire – ont déploré qu’aucune “piste de remèdes”, tels des cessions, n’ait été abordée au cours du CA alors que GDF et Suez ont jusqu’au 6 septembre pour apporter leurs solutions à la Commission européenne — délai qui pourrait être prolongé au 20 septembre.

Affirmant que les griefs de Bruxelles “renforçaient l’inquiétude” de la CGT à propos de la fusion, Olivier Barrault (CGT) a regretté que le CA ne soit pas non plus informé des “négociations en cours” avec Bruxelles.

C’est par voie de presse que les PDG de Suez et GDF ont apporté de premiers éléments de réponses aux problèmes de concurrence pointés par Bruxelles, sur le marché du gaz en France, et le marché du gaz et de l’électricité en Belgique.

Gérard Mestrallet (Suez) et Jean-François Cirelli (GDF) ont confirmé mardi dans Les Echos une éventuelle vente de l’électricien belge SPE, tout en refusant de céder le contrôle de leurs réseaux de transport.

Mais cette cession pourrait ne pas suffire, selon une source proche du dossier.

Les deux PDG rejettent par ailleurs l’idée de vendre une partie des centrales nucléaires d’Electrabel, ou encore Distrigaz, premier distributeur gazier belge et filiale de Suez, mais concèdent la mise aux enchères, dans chaque pays, d’un certain volume de gaz.

Ils refusent de “céder le contrôle” de leurs infrastructures, auxquelles leurs concurrents demandent un meilleur accès, mais se disent prêts à améliorer leur “régulation” ou leur “fonctionnement”.

La réunion du CA de GDF a été imposée par une décision jeudi de la Cour d’appel de Paris, après un recours des trois administrateurs CGT.

La Cour a en outre imposé au groupe gazier de communiquer l’intégralité des griefs de Bruxelles, que les syndicats réclamaient depuis plusieurs semaines et qu’ils ont finalement obtenus tard jeudi soir.

“Cette décision de justice devrait faire jurisprudence car elle montre que les administrateurs salariés des entreprises ont le droit d’avoir accès à toutes les informations dont disposent leur direction, y compris les plus confidentielles”, a souligné M. Barrault.

Le projet de fusion Suez-GDF, qui avait été présenté par le gouvernement français en février comme le moyen de contrer une éventuelle OPA de l’italien Enel sur Suez, vise, selon ses promoteurs, à créer le premier groupe gazier européen et le cinquième producteur d’électricité du continent.

 01/09/2006 16:22:47 – © 2006 AFP