[01/09/2006 16:13:18] SANTIAGO (AFP) L’activité redeviendra normale lundi à Escondida, la plus grande mine de cuivre du monde au Chili, frappée depuis plus de trois semaines par un dur conflit salarial et où un accord a finalement été trouvé jeudi soir entre les mineurs grévistes et la direction. Dans un vote à bulletins secrets, qui a duré plus de six heures, les mineurs ont accepté jeudi soir un accord de principe conclu la veille entre les dirigeants syndicaux et les responsables de la mine, contrôlée par le groupe anglo-australien BHP Billiton. Les ouvriers d’Escondida, située au nord du Chili et qui produit 8% du cuivre mondial, s’étaient mis en grève le 7 août pour obtenir une forte revalorisation de leurs salaires alors que BHP Billiton a enregistré des bénéfices records cette année et promis trois milliards de dollars de dividendes à ses actionnaires. L’accord formel sera signé vendredi et le travail reprendra samedi pour atteindre une activité normale lundi. Les 2.052 mineurs grévistes (98% des effectifs) ont obtenu une augmentation de 5% de leurs salaires et une prime de fin de grève de 16.600 dollars. Au total, 1.607 d’entre eux se sont prononcés pour la reprise du travail et 121 contre. “Nous sommes satisfaits, comme l’a montré la base par son vote”, a déclaré le dirigeant syndical Pedro Marin. Un accord de principe avait été atteint mercredi mais le syndicat voulait l’aval de l’ensemble des mineurs. Au début du conflit, les grévistes réclamaient une hausse salariale de 13% et un bonus de 30.000 dollars. Peu à peu les positions se sont rapprochées mais il a fallu l’intervention d’un médiateur de l’Etat chilien pour que les négociations, bloquées, puissent reprendre dans des conditions satisfaisantes. Les mineurs avaient progressivement abaissé leurs exigences à une hausse de 8% et un bonus de 19.000 dollars. Après avoir suspendu l’activité en raison d’un blocage des voies d’accès à la mine par les grévistes, la direction avait engagé il y a une semaine des intérimaires tandis que le syndicat dénonçait “des pressions et menaces” de la part de la hiérarchie d’Escondida.
La grève a réduit de moitié la production du gisement qui, avant le conflit atteignait 3.600 tonnes par jour (1,3 million par an), provoquant des pertes quotidiennes estimées à 16 millions de dollars et une poussée de fièvre du cours du cuivre sur le marché mondial. Selon les spécialistes, ces difficultés ne devraient pas peser excessivement sur les résultats de BHP Billiton dont le chiffre d’affaires a bondi de 20% à 32,2 milliards de dollars sur l’exercice passé, grâce à la flambée des cours et à des niveaux de production sans précédent, pour répondre à une très forte demande notamment chinoise. BHP a enregistré une production record d’argent et de cuivre à Escondida, la mine chilienne ayant contribué aux bénéfices à hauteur de 2,6 milliards de dollars contre 1,1 milliard un an plus tôt, selon BHP Billiton qui a annoncé la semaine passée un bénéfice net de 10,5 milliards de dollars pour l’exercice achevé en juin. Les analystes de la banque ABN Amro ont récemment qualifié ce groupe de “machine à faire de l’argent”, la hausse des cours des matières premières compensant celles des coûts de production que le groupe met pourtant en avant pour justifier son contrôle des salaires. Dans le cas d’Escondida, la direction avait avancé que les cours élevés du cuivre pouvaient être “provisoires” et que les mineurs du site étaient parmi les mieux payés du pays. Les grévistes avaient répliqué, en invoquant leurs conditions de travail: de longues journées d’un labeur certes automatisé et entrecoupé de nombreux jours de repos, mais dans une zone isolée et désertique où il fait très chaud de jour et où les nuits sont glaciales. |
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