Japon : ouverture du procès du gourou déchu de l’internet Takafumi Horie

 
 
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L’ancien PDG du groupe internet Livedoor Takafumi Horie, à son arrivée au tribunal de Tokyo, le 4 septembre 2006

[04/09/2006 07:23:04] TOKYO (AFP) L’ancien PDG du groupe internet Livedoor, Takafumi Horie, gourou déchu de la “nouvelle économie” nippone, a clamé lundi son innocence devant le tribunal de Tokyo, au premier jour de son procès pour un retentissant scandale de manipulation de cours et falsifications comptables.

“Je n’ai jamais commis de tels actes et ne les ai pas non plus ordonnés. Je déplore ma mise en accusation”, a déclaré M. Horie, 33 ans, dès l’ouverture de l’audience dans une salle bondée.

Arrêté en janvier et libéré sous caution en avril, il est accusé d’avoir manipulé des cours boursiers en diffusant de fausses informations, et d’avoir truqué les comptes de Livedoor pour transformer une perte en bénéfice.

La chute brutale du jeune trublion de l’internet, idole d’une partie de la jeunesse, avait profondément choqué la société nippone, d’autant qu’il avait osé, crime de lèse-majesté au Japon, s’attaquer à des entreprises symboles dont le dirigeant aurait pu être son père, sinon son grand-père.

L’affaire avait également provoqué un vent de panique à la Bourse de Tokyo, où des milliers de petits porteurs affolés avaient soudainement bradé tout leur portefeuille, manquant de peu de faire exploser le système informatique du marché.

Le scandale avait par ailleurs embarrassé le Premier ministre libéral Junichiro Koizumi qui avait sollicité et parrainé en septembre 2005 une candidature “indépendante” de M. Horie à un siège de député (le jeune PDG avait finalement été battu).

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Le Premier ministre Junichiro Koizumi lors d’une conférence de presse à Tokyo, le 1er septembre 2006 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Selon le parquet, M. Horie avait ordonné à son directeur financier Ryoji Miyauchi de gonfler de deux milliards de yens (13 millions d’euros) les prévisions de résultats pour le deuxième trimestre 2004, qui auraient initialement dû être de l’ordre de trois milliards de yens.

“Miyauchi a alors répondu: +C’est dangereux, je crois que nous ne devrions pas+. Mais l’accusé a répliqué: +Mais si, nous devons être positifs. C’est cool d’avoir un chiffre de cinq milliards+”, a affirmé le procureur.

Le ministère public accuse en outre M. Horie de s’être enrichi en diffusant de fausses informations relatives à l’acquisition d’une société, afin de manipuler le cours boursier d’une filiale de Livedoor.

“Les charges retenues par les procureurs reposent uniquement sur leur imagination”, a réfuté un des avocats de M. Horie.

Connu pour gérer son empire économique en tee-shirt, M. Horie, amaigri par son séjour de trois mois derrière les barreaux, a sagement opté pour un costume sombre et une cravate pour se présenter devant ses juges. Il est la plupart du temps resté impassible, mais a brièvement souri une fois.

Une foule de quelque 2.000 curieux a fait la queue devant le tribunal dans l’espoir de décrocher une des 61 places disponibles pour le public.

26 audiences sont prévues sur une période de trois mois pour juger l’ancien PDG. Le verdict pourrait être rendu en février 2007.

S’il est reconnu coupable, il risque cinq ans de prison et une amende de cinq millions de yens (35.000 euros).

Quatre autres anciens dirigeants de Livedoor, qui ont à l’inverse choisi de plaider coupable, sont jugés depuis le 26 mai à Tokyo, en même temps que deux experts comptables qui se déclarent innocents.

Livedoor, dont la capitalisation boursière a fondu de 900 milliards à 100 milliards de yens en quelques mois, a fini par être radié de la cote.

Le groupe, qui a chassé M. Horié et ses coaccusés et s’est doté d’une nouvelle direction, n’a dû sa survie qu’à une alliance de dernière minute avec l’opérateur de télévision par câble Usen.

 04/09/2006 07:23:04 – © 2006 AFP