Poutine met sur les rails un projet d’oléoduc avec la Grèce et la Bulgarie

 
 
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Le président russe Vladimir Poutine lors de sa visite en Grèce, le 4 septembre 2006 (Photo : Dmitry ASTAKHOV)

[04/09/2006 15:51:32] ATHENES (AFP) Le président russe Vladimir Poutine a fait escale à Athènes lundi, sur le chemin de sa tournée africaine, pour lancer avec les gouvernements grec et bulgare un projet d’oléoduc, stratégique pour la Russie, reliant la mer Noire et la mer Egée.

“La concurrence est particulièrement forte, l’ouvrage dont nous avons parlé aujourd’hui répond a nos intérêts nationaux”, a déclaré le président russe au cours d’une conférence de presse commune avec son homologue bulgare Guéorgui Parvanov et le Premier ministre grec Costas Caramanlis.

“Nous avons approuvé une proclamation concernant la coopération énergétique tripartite qui est d’une importance stratégique” pour la région, a-t-il ajouté.

Les trois gouvernements doivent encore mettre sur pied le consortium international qui sera chargé de l’exploitation de l’oléoduc. Aucun détail n’a été donné par les trois dirigeants sur la participation de chaque pays au projet et les modalités de son financement, même s’il semble que la Russie détiendra la majorité des actions du consortium.

“Nous considérons que le paquet (d’actions) de contrôle doit revenir à des compagnies russes, comme des compagnies qui garantissent l’approvisionnement de cet oléoduc”, a déclaré en marge de la rencontre le président de la compagnie russe Rosneft, Sergueï Bogdantchikov.

“Les formes de participation aussi bien des compagnies russes que celles d’autres pays à ce projet ne sont pas encore déterminées”, a-t-il toutefois ajouté.

Le projet final sera signé par les trois parties avant la fin 2006, ont confirmé les dirigeants des trois pays au cours de leur conférence de presse, soulignant leur volonté “politique” de mener le projet à son terme.

La compagnie américaine Chevron, le groupe russo-britannique TNK-BP, les compagnies russes Rosneft et Sibneft, les bulgares Bulgargaz et Terminal Universel Bourgas, ainsi que les grecques Hellenic Petroleum, Promitheas Gas et Petrola devraient figurer les parmi les partenaires du projet.

Long de 280 km et reliant le port de Bourgas, en Bulgarie, à celui d’Alexandroupolis, en Grèce, cet ouvrage, d’un coût d’eviron 900 millions d’euros, devra permettre d’acheminer une partie du pétrole de la mer Caspienne vers l’Europe de l’ouest en contournant les détroits turcs saturés.

Aujourd’hui une grande partie du pétrole de la mer Caspienne destiné à l’ouest de l’Europe et aux Etats-Unis est acheminé via la mer Noire par des tankers passant par les détroits turcs du Bosphore et des Dardannelles. Mais le trafic s’intensifie d’année en année (150 millions de tonnes de brut en 2005), allongeant les délais de livraison.

Avec la création de l’oléoduc, qui pourra transporter jusqu’à 35 millions de tonnes de pétrole par an, ses promoteurs espèrent réaliser d’importantes économies d’échelle, doublées d’un transport rapide et fiable.

Le projet permet en outre à la Russie de conserver le contrôle de l’acheminement d’une partie du brut de la Caspienne, alors que vient d’être inauguré en juillet le nouvel oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), qui lui contourne le territoire russe.

Initié il y 14 ans, le dossier a été ajourné à plusieurs reprises, notamment parce que Moscou avait émis des doutes quant à son efficacité économique. Mais maintenant que le prix du baril atteint 75 dollars, le projet devient beaucoup plus viable, s’accordent à dire les spécialistes.

Vladimir Poutine a prévu de quitter Athènes dans la soirée pour se rendre en Afrique du Sud, première étape d’une tournée africaine qui le conduira ensuite au Maroc.

 04/09/2006 15:51:32 – © 2006 AFP