L’Allemagne redresse enfin ses finances grâce à la croissance retrouvée

 
 
SGE.KLA89.050906165253.photo00.quicklook.default-245x181.jpg
Le ministre allemand des Finances Peer Steinbrueck, à Berlin le 29 août 2006 (Photo : Johannes Eisele)

[05/09/2006 16:58:28] BERLIN (AFP) Le chiffre est lâché: Berlin attend cette année un déficit public à 2,8% du PIB. Cela va remettre la première économie européenne en conformité avec le Pacte de stabilité pour la première fois depuis 2001, une performance due en grande partie à la croissance retrouvée.

Le ministre des Finances, le social-démocrate Peer Steinbrück, laissait entrevoir depuis plusieurs mois déjà que l’Allemagne pourrait revenir à la vertu, après cinq ans de violation du critère de Maastricht sur le déficit. Mardi, dans un discours aux députés, il a enfin chiffré sa prévision: à 2,8%, elle est bien en dessous des 3,1% prévus officiellement jusqu’à maintenant, et surtout de la barre fatidique des 3%.

“(Le chiffre de) 2,8% est réaliste, nous allons en informer Bruxelles”, a indiqué le ministre.

Bruxelles, qui estimait déjà cet été que l’Allemagne était “en bonne voie de corriger son déficit”, et avait abandonné une procédure en déficit excessif, devrait s’en réjouir. D’autres sont en effet moins vertueux: la Commission européenne doute de la capacité de la France à rester dans les clous cette année, l’Italie attend un déficit conforme en 2007 et le Portugal en 2008 seulement.

Pourtant Berlin revient de loin. Le déficit public, qui comprend le déficit fédéral, mais aussi celui des régions, des communes et des caisses de sécurité sociale, a culminé à 3,9% du PIB en 2003. Il n’est redescendu qu’à petits pas depuis, malgré les promesses, année après année, du gouvernement d’alors de redresser la barre.

Le gouvernement actuel, en place depuis un peu moins d’un an, s’est certes fixé comme objectif l’assainissement des finances publiques, et prône la rigueur. Mais il est surtout arrivé à point nommé pour cueillir les fruits d’une reprise économique qui s’est affermie ces derniers mois.

C’est elle, plus que tout autre facteur, qui a sorti Berlin de l’ornière budgétaire, a admis mardi M. Steinbrück en parlant de “reprise économique classique” qui gagne en profondeur. Le chômage a amorcé une baisse, les bénéfices des entreprises augmentent, en conséquence les caisses de l’Etat se renflouent et les dépenses se stabilisent.

Cette année, l’Etat fédéral devrait encaisser entre 3 et 3,5 milliards d’euros de recettes fiscales de plus que prévu, a indiqué mardi le ministre. Pour la première fois, il a également évoqué mardi la possibilité d’une croissance du PIB d’au moins 2% cette année.

Le plus dur est fait, mais Berlin a encore du pain sur la planche. M. Steinbrück a mis en garde contre tout optimisme prématuré: respecter le Pacte de stabilité, c’est bien, mais l’Allemagne a encore quelque 1.500 milliards d’euros de dettes, qui lui coûtent 40 milliards d’intérêts par an. “Nous sommes encore loin du désendettement”, a averti le grand argentier social-démocrate.

Pour l’an prochain, il compte sur l’augmentation de trois points du taux de taxe sur la valeur ajoutée au 1er janvier pour ramener le déficit à 2,5% du PIB. Tout en sachant qu’il devra encore défendre bec et ongles la mesure: pour beaucoup, les bonnes nouvelles annoncées mardi sont le signe que la hausse de la TVA ne se justifie plus. Ou du moins qu’elle ne devrait pas être affectée à la réduction des déficits.

“Nous voyons que les hausses d’impôts pour des motifs d’assainissement du budget ne sont pas nécessaires”, a d’ailleurs commenté Guido Westerwelle, président du principal parti d’opposition (FDP).

Mais M. Steinbrück reste inflexible. “Nous ne savons pas à quel point la croissance sera durable”, avertit-il.

 05/09/2006 16:58:28 – © 2006 AFP