[05/09/2006 15:52:18] BERLIN (AFP) La capitale allemande a-t-elle la folie des grandeurs avec son futur aéroport ? Alors que les travaux de construction ont été lancés officiellement mardi, la contestation reste vivace, alimentée ces derniers jours par les compagnies aériennes à bas prix. L’aéroport Berlin-Brandebourg-International (BBI) doit ouvrir fin octobre 2011, avec une capacité annuelle initiale de 22 à 25 millions de passagers pouvant par la suite être portée à 40 millions. Il remplacera les trois actuels aéroports berlinois, qui ont totalisé l’an passé 17 millions de passagers. Le BBI occupera partiellement le site de celui de Schönefeld, ex-aéroport de Berlin-Est situé à une vingtaine de kilomètres du centre-ville et utilisé surtout par les compagnies à bas prix. La piste existante sera prolongée et une seconde construite, avec au milieu un grand terminal. “Nous avons un besoin urgent du BBI, pour rendre justice à la fonction de capitale de Berlin”, a commenté le ministre des Transports Wolfgang Tiefensee mardi, avant de donner l’un des premiers coups de pelle sur le chantier. “Cette région obtient avec l’aéroport des perspectives qu’elle n’aurait jamais eu sans lui”, a renchéri le chef de l’exécutif du Brandebourg, Matthias Platzeck. Le BBI et la croissance du trafic aérien doivent créer d’ici 2012 presque 40.000 emplois, bienvenus dans une région où le chômage tourne autour de 17%. Les investissements sont estimés à quelque 2,6 milliards d’euros pour l’aéroport et une gare ferroviaire, d’où l’on pourra rejoindre en vingt minutes la gare centrale de Berlin. S’y ajoutent plus d’un milliard d’euros d’intérêts pour les crédits bancaires. Des entreprises régionales ont obtenu jusqu’ici des contrats pour 180 millions d’euros au total. Le BBI risque d’être “un tombeau vide de plusieurs milliards”, selon un communiqué de plusieurs compagnies aériennes à bas coût. Elles craignent un bond des taxes d’aéroport et des pertes de temps à l’embarquement et au débarquement. La plus virulente est la britannique Easyjet. “Si le BBI est construit comme prévu, nous devrons revoir nos plans” à Berlin, a averti son responsable en Allemagne John Kohlsaat. “Trop grand, trop cher”, il “sera déjà trop vieux de vingt ans à l’ouverture.” Les plans datent des années 1990, avant le boom des compagnies à bas prix qui pourraient transporter 70% des passagers berlinois d’ici 2011. Berliner Flughäfen, la société qui gère les aéroports berlinois, leur a promis une aile spécifique. Elle reconnaît que le BBI restera un aéroport de second rang, loin derrière Londres, Francfort, Amsterdam ou Paris, et tourné vers l’Europe de l’Est et peut-être l’Asie. Même Lufthansa n’y prévoit pas de vols directs vers les Etats-Unis, préférant ses hubs de Francfort ou Munich. Le BBI pourra théoriquement accueillir l’airbus géant A380, mais Berliner Flughäfen ne compte pas dessus les premières années. Autre souci, surtout pour le fret, les vols de nuit sont très limités entre 22H00 et 06H00, et complètement interdits entre minuit et 05H00. La justice allemande n’a donné son feu vert mi-mars qu’à cette condition, considérée comme une demi-victoire des opposants au BBI même si elle débloquait le projet. Selon le calendrier initial, l’aéroport devrait être presque terminé, quand les officiels en sont encore à inaugurer le chantier. Une tentative avortée avec des investisseurs privés et des querelles judiciaires sans fin l’ont retardé. Le feuilleton n’est pas terminé, avec une procédure en suspens devant la Cour constitutionnelle et la fermeture contestée des autres aéroports. Celui de Tegel, qui assure aujourd’hui l’essentiel des vols internationaux, doit fermer en 2012, et Tempelhof, rendu célèbre par le pont aérien pendant le blocus de 1948-49, dès 2007, mais pourrait finalement être maintenu pour les petits avions privés. |
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