Alcatel/Lucent : les actionnaires approuvent la naissance d’un géant

 
 
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Montage de photos des logos des firmes Alacatel (France) et Lucent Technologies (Etats-Unis)

[07/09/2006 18:48:05] PARIS (AFP) Les actionnaires des équipementiers en télécommunications français Alcatel et américain Lucent ont approuvé jeudi le projet de fusion amicale entre les deux groupes, qui doit donner le jour au numéro un mondial des technologies de communication.

En dépit de contestations sur les prix et les modalités de l’opération, ils ont donné, lors d’assemblées générales qui se sont tenues en parallèle de part et d’autre de l’Atlantique, leur bénédiction à cette union. Alcatel aura un poids supérieur (60%) à Lucent (40%).

En France, les 18 résolutions nécessaires à l’approbation de l’opération ont été votées à plus de 85% tandis qu’à Wilmington (Etats-Unis), où l’ambiance a été plus houleuse, le projet a été approuvé à une marge plus réduire de 51,97% par les actionnaires de Lucent.

A Paris, le PDG d’Alcatel, Serge Tchuruk a parlé d'”une fusion entre égaux”, insistant sur le caractère amical de l’opération.

Il répondait ainsi aux reproches sur la parité dans l’échange des actions (0,1952 action Alcatel pour 1 action Lucent) que nombre d’actionnaires français estimaient défavorables à Alcatel.

M. Tchuruk a longuement expliqué les raisons de cette opération qui générera près d’1,4 milliard d’euros d’économies par an, en année pleine au bout de trois ans.

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Montage de photos des PDG d’Alcatel, Serge Tchuruk, et de Patricia Russo de Lucent technologies

La “grosse majorité de ces économies, 55%, viendra de la réduction des effectifs”, a précisé M. Tchuruk, confirmant la suppression de 9.000 emplois.

L’accent sera mis sur la recherche et développement, a-t-il assuré, avec 24.000 ingénieurs sur les quelque 81.000 collaborateurs que comptera la nouvelle société. Elle prendra le nom de Alcatel Lucent.

La nouvelle entité, qui sera de droit français, affichait un chiffre d’affaires d’environ 21 milliards d’euros (25 milliards de dollars) en 2005. M. Tchuruk, prochain président du conseil d’administration, et Patricia Russo, future directrice générale, ne pourront être révoqués qu’à la majorité des deux tiers des administrateurs.

M. Tchuruk a expliqué que sa mission ne consistera pas à rester “dans le dos” de Mme Russo mais “à demander des comptes” et à assurer la “stabilité du nouvel ensemble”.

A Wilmington (Delaware), l’ambiance a été plus tendue. Dès le début de la réunion, la PDG de Lucent, Patricia Russo, a été chahutée. Reflétant le sentiment d’actionnaires américains qui s’estimaient eux aussi floués par la parité d’échanges mais dans le sens inverse, une actionnaire a dénoncé un “très mauvais accord, tout à l’avantage d’Alcatel”.

“Les actionnaires de Lucent seront relégués au rang d’actionnaires de second plan”, a lancé la contestatrice, ajoutant que “les Français vont diriger le tout”, sous les applaudissements d’une partie de la salle.

Plusieurs retraités de Lucent se sont aussi inquiétés du sort de leur pensions de retraites et de leur assurance santé, à la suite de la fusion, en exigeant des réponses.

Mme Russo, qui deviendra la première femme à diriger une société du CAC-40, a répondu que la fusion était nécessaire pour “résister à la concurrence”.

Elle a reconnu que la fusion créait une “incertitude à l’intérieur des deux groupes” mais a jugé que le sort de ses retraités n’était pas lié au projet de fusion et promis que le fonds de pension resterait largement provisionné.

Aux Etats-Unis, Lucent, confronté au mécontentement d’actionnaires qui avaient demandé le report de l’assemblée générale pour protester contre le prix jugé trop faible, avait conclu in extremis un accord avec les groupements d’actionnaires Resnick et AR Maley Trust, qui ont annulé leurs recours en justice.

 07/09/2006 18:48:05 – © 2006 AFP