[08/09/2006 17:52:24] PARIS (AFP) Les députés communistes et socialistes ont maintenu vendredi la pression contre le projet de loi de privatisation de GDF, au deuxième jour de son examen à l’Assemblée nationale avant le démarrage de la grande bataille d’amendements la semaine prochaine. La gauche a poursuivi son harcèlement pour ralentir au maximum la discussion générale pour laquelle une trentaine d’orateurs étaient inscrits. Une troisième motion de procédure (renvoi en commission), défendue par le PCF et soutenue par le PS et l’UDF, a été rejetée sans surprise vendredi avant la suspension des travaux. L’examen des 17 articles et des quelque 137.028 amendements déposés sur ce texte ne commence que lundi. Avant même l’article premier du projet, quelque 4.500 amendements visant à proposer des articles additionnels ont été déposés. L’ombre du 49.3 (adoption sans vote) pèsera sur les débats même si le gouvernement et la majorité ont affiché leur intention de mener la discussion jusqu’à son terme. Main dans la main avec le PS, les communistes, qui ont au coeur de leur programme la défense du service public, ont poursuivi vendredi leur offensive. Ils n’ont cessé par de multiples rappels aux règlements et suspensions de séance de réclamer la communication de la “lettre de griefs” de la Commission européenne. Dans ce document confidentiel de 200 pages destiné à GDF et Suez, la Commission donne son avis sur la fusion. Le projet de loi du ministre de l’Economie Thierry Breton prévoit notamment la privatisation de GDF pour permettre sa fusion avec Suez. Le ministre, dont les nerfs promettent d’être mis à rude épreuve pendant les trois semaines de débat prévues, a donné du grain à moudre à l’opposition en n’attendant pas la fin de la discussion générale pour intervenir. Il s’est déclaré “prêt à donner toutes les informations, y compris la lettre de griefs” et la lettre de la Commission européenne donnant son accord pour une “golden share” (action spécifique) de l’Etat. Le président du groupe communiste Alain Bocquet, qui a indiqué à l’AFP avoir envoyé vendredi une lettre au président Jacques Chirac pour réclamer “la transparence” du débat, est alors remonté au créneau pour affirmer que le document destiné à la consultation des députés était “tronqué”. “Il ne s’agit pas de transformer nos débats en débat d’assemblée générale des actionnaires. La seule question qui nous est posée est de savoir si oui ou non nous sommes d’accord pour donner à Gaz de France les moyens pour aller de l’avant”, a lancé M. Breton aux députés. “Le projet avec Suez est un bon projet mais ce n’est pas le sujet du débat parlementaire”, a-t-il insisté.
“Le scandale, c’est que dans un contexte de crise énergétique durable, le gouvernement décide de confier à des intérêts privés le soin de veiller sur l’approvisionnement de notre pays, sur sa sécurité et sur son indépendance énergétique”, a protesté Henri Emmanuelli (PS). Dominique Strauss-Kahn (PS) a étrillé le projet du gouvernement, tant sur l’ouverture totale du marché européen de l’énergie à la concurrence que sur la privatisation de GDF et la fusion avec Suez. “C’est un mauvais projet industriel, a-t-il dit, qui affaiblira EDF”. De surcroît, selon lui, la fusion “valorisera tellement la proie qu’il y a peu de doute qu’un prédateur se présente”. Les syndicats se sont également invités vendredi au Palais-Bourbon où une délégation CGT et FO de GDF a remis aux élus les résultats de leur consultation qui a vu 94% des votants se prononcer contre la privatisation. |
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