[08/09/2006 17:24:57] PARIS (AFP) PSA Peugeot Citroën a créé la surprise vendredi, à trois semaines du Mondial de l’automobile, avec l’annonce du départ en retraite de son PDG Jean-Martin Folz en 2007, après dix ans à la tête du constructeur, actuellement confronté à des ventes et des bénéfices en berne. Globalement, le bilan de Jean-Martin Folz à la tête de PSA est jugé positif par les marchés financiers, avec des bémols sur l’évolution récente du groupe, mais négatif par les syndicats. Jean-Martin Folz, qui avait succédé à Jacques Calvet à la présidence du directoire de PSA Peugeot Citroën le 1er octobre 1997, entend faire valoir ses droits à la retraite au premier trimestre 2007, sachant qu’il aura 60 ans en janvier. Il aurait annoncé “avant l’été” cette décision au président du conseil de surveillance Thierry Peugeot, qui a chargé le Comité des rémunérations et des nominations d'”engager le processus de sélection du futur président du directoire”, selon un porte-parole de PSA. Car la famille Peugeot, qui détient toujours 30% du capital et plus de 40% des droits de vote, garde la haute main sur le premier constructeur français. Le choix du successeur sera soumis au conseil de surveillance “avant fin 2006 pour une prise de fonction au premier trimestre 2007”, a indiqué PSA. “C’est une décision prise de longue date par Jean-Martin Folz, qui considère que la bonne durée d’exercice des postes très opérationnels tel que le sien est de dix ans. Et elle coïncide avec le fait qu’il va avoir 60 ans en début d’année”, a affirmé le porte-parole. L’annonce impromptue de ce départ en retraite n’intervient cependant pas au meilleur moment. Car le PDG doit annoncer avant le Mondial un plan de redressement de la rentabilité de PSA, mise à mal par des ventes en berne en Europe occidentale, où le marché stagne et où la concurrence asiatique croît, mais aussi par l’envolée des coûts des matières premières. PSA Peugeot Citroën, qui a décidé en avril de fermer en 2007 sa seule usine britannique, à Ryton, ne prévoit pas pour l’instant d’autres fermetures d’usines en Europe occidentale car son “outil de production est bien adapté à ses besoins de court terme”, avait assuré M. Folz en juillet.
“Ce départ dans quelques mois annoncé au dernier moment, sans successeur connu pour l’instant, est une surprise et ouvre des interrogations pour la suite, à commencer par la succession de ce manager discret mais respecté. Ce ne sera pas évident à gérer”, a indiqué à l’AFP Emmanuel Bulle, analyste de l’agence de notation internationale Fitch. Ce patron aux antipodes des manières de son homologue de Renault, le “show man” Carlos Ghosn, a conduit PSA à la deuxième place européenne derrière Volkswagen et a fait passer les ventes de 2,1 millions de véhicules en 1997 à 3,4 millions en 2005. Il a poussé le développement international (Amérique latine, Chine, Europe de l’Est) pour conquérir de nouveaux marchés mais aussi pour réduire les coûts grâce à de moindres coûts salariaux. Il a aussi accentué la politique de coopérations industrielles avec d’autres constructeurs, qui a permis de se rapprocher de groupes comme Toyota, Fiat ou Ford, de grossir sans prendre trop de risques financiers et sans renoncer à l’indépendance du groupe si chère à la famille Peugeot. “Même si nous avons le plus grand respect pour M. Folz et ses performances durant ses 10 ans comme patron de PSA, il nous semble qu’il avait progressivement perdu la maîtrise de l’organisation, avec trois avertissements sur résultats en moins de neuf mois, et qu’il a trop tardé à remettre en cause une stratégie désormais trop peu efficace”, a commenté dans une note d’analystes la banque d’affaires américaine JP Morgan. De son côté, Jean-Pierre Mercier, délégué central CGT, premier syndicat chez les ouvriers de PSA, a jugé “son bilan social catastrophique”. “Il a multiplié par deux la production de voitures tout en supprimant 9.000 postes en CDI. Il a fait exploser la précarité, avec, sur six ans, plus de 12.000 emplois précaires (CDD, intérim) sur l’ensemble des sites” et “termine sa triste carrière en fermant l’usine de Ryton (2.300 emplois)”. La Bourse a salué ce départ, le titre Peugeot clôturant en hausse de 1,91% à 43,31 euros, dans un marché en hausse de 0,27%. |
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