Opérateur mobile virtuel : des dizaines de prétendants à “l’argent facile”

 
 
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Un téléphone portable (Photo : Patrick Hertzog)

[08/09/2006 09:53:43] PARIS (AFP) Devenir opérateur mobile virtuel (MVNO), gagner facilement un million de clients et être riche pour toujours: le mythe de la téléphonie mobile comme Eldorado est tenace et les candidats continuent de faire les yeux doux à Orange, SFR et Bouygues Telecom.

Apparus en 2004, les MVNO, qui n’ont pas de réseau mais achètent des minutes de communication aux opérateurs, se sont multipliés: aujourd’hui dix, ils seront bientôt rejoints par les mastodontes de la grande distribution Carrefour et Auchan. S’ajoute une dizaine de licences de marques, des sociétés s’associant à un opérateur pour proposer des offres mais lui laissant gérer la clientèle.

Parmi ces nouveaux venus: des acteurs de téléphonie fixe (Neuf Cegetel, Tele2, Coriolis) ou de la distribution (Fnac) et des groupes de médias (NRJ, M6, TF1).

S’ils ne représentaient fin juin que 1,46% du marché, les MVNO ont conquis depuis le début de l’année 4 nouveaux clients sur 10: “c’est un séisme!”, s’exclame Frank Cadoret, directeur général Commerce et Service client de SFR.

De quoi aiguiser l’appétit d’autres candidats, alléchés par l’image d’argent facile que véhicule le secteur… un mythe, selon les opérateurs: “dans notre industrie, vous investissez d’abord et vous avez un retour après plusieurs années”, assure M. Cadoret, expliquant qu’il faut dépenser 200 à 300 euros pour chaque nouveau client et que SFR “a mis plus de 10 ans à gagner de l’argent”.

“Il y a aussi un effet de mode par rapport au mobile” comme moyen sympathique de toucher les 80% de Français qui en sont équipés, note Didier Quillot, PDG d’Orange France.

Plusieurs centaines de sociétés ont sollicité les opérateurs, qui ne sont pas obligés d’accepter leurs demandes: 80 à 100 chez SFR, 115 environ cher Orange. Même Bouygues Telecom, qui refuse encore d’accueillir des MVNO, “a reçu un peu tout le monde”, raconte son directeur général adjoint Emmanuel Forest.

Au final, une dizaine d’entre elles sont encore candidates auprès de SFR, une trentaine auprès d’Orange: ce sont “des fournisseurs d’accès internet, des opérateurs télécoms, des grandes marques de distribution, des banques, des acteurs de la presse”, selon M. Quillot, qui prévient déjà que parmi eux, il y a “assez peu de candidats qui seront capables de réunir les conditions” nécessaires.

“Nous avons été sollicités par des petites sociétés de 10 personnes avec 300.000 euros de capital”, ricane un acteur du secteur, qui cite le trop faible investissement ou l’erreur de stratégie comme principales raisons de refus.

Selon des sources industrielles, Disney a été refoulé par les trois opérateurs parce qu’il voulait vendre des mobiles aux enfants, une pratique totalement inavouable en France.

“Nous avons eu des projets microscopiques, avec quelques milliers de clients”, témoigne un autre opérateur, qui a reçu “des acteurs qui n’avaient ni marque ni compétence particulière mais qui étaient convaincus, par exemple, que la communauté des chasseurs avait intérêt à avoir une offre mobile spécifique”.

“Etre opérateur mobile c’est un métier compliqué”, rappelle M. Forest, qui trouve “surprenant”, notamment, qu’un club de football veuille se lancer dans l’aventure: “A chacun son métier!”.

Si Bouygues Telecom envisage désormais d’accueillir des MVNO “sur des segments de la clientèle entreprises”, ses concurrents, qui ont dû créer en leur sein des structures dédiées aux opérateurs virtuels, semblent arriver à saturation: Orange est “aux limites de (sa) capacité” et SFR, qui hébergera deux nouveaux opérateurs en 2007, prévient de sa “capacité d’accueil limitée”.

 08/09/2006 09:53:43 – © 2006 AFP