Les pays émergents et développés veulent renouer le cycle de Doha sans dire comment

 
 
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La représentante américaine au Commerce Susan Schwab, Susan Schwab, près de la piscine d’un hôtel, le 10 septembre 2006 à Rio de Janeiro (Photo : Antonio Scorza)

[10/09/2006 22:55:28] RIO DE JANEIRO, (AFP) Les pays émergents du G20 et les poids lourds du commerce mondial (Etats-Unis, Europe et Japon) ont affiché dimanche à Rio leur volonté politique de relancer le cycle de négociations commerciales de Doha sans être mesure de dire quand ni comment.

“Le cycle (de Doha) est en vie”, “nous avons retiré le malade de l’unité de soins intensifs et il est à l’infirmerie”, a déclaré à la presse le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim. “Aucun d’entre nous ne veut que le cycle échoue”, a-t-il ajouté.

Le Brésil a accueilli à Rio une réunion ministérielle de deux jours des 23 pays émergents du G20, rejoints par quatre pays en développement plus pauvres, qui ont rencontré dimanche les négociateurs américain, européen et japonais afin de tenter de relancer les négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur la libéralisation des échanges.

M. Amorim a par ailleurs estimé que tous étaient conscients des progrès déjà accomplis jusqu’à la suspension sine die en juillet du cycle de Doha. “On a beaucoup avancé, ce serait un risque énorme de perdre cette avance”, a-t-il estimé.

“Tous les membres de l’OMC ont répondu oui” à la reprise des négociations, a de son côté estimé le directeur général de l’OMC Pascal Lamy, qui a qualifié d'”accident grave” la suspension du cycle.

Avec la réunion de Rio “on est passé de la pancarte +accident grave+ à la pancarte +négociations de l’OMC en travaux”, a estimé M. Lamy lors d’une conférence de presse commune avec les autres participants à la réunion.

Selon lui, les pays de l’OMC sont prêts à reprendre les négociations “là où où nous en étions en juillet” et à se concentrer sur l’agriculture, “là où l’accident s’est produit”.

Mais “la voiture n’est pas encore prête à sortir du garage”. “Il nous faut encore du travail et du temps avant de rejoindre la table de négociations”, a tempéré M. Lamy. “Il faut quelques semaines de travail discret de préparation” technique, notamment sur la question des produits spéciaux des pays en développement, a-t-il ajouté.

M. Amorim a estimé qu’il n’y avait pas seulement “un désir abstrait” de redémarrer les négociations entamées en 2001 mais “une disposition à la flexibilité”.

“Nous devons tous mettre davantage sur la table”, a estimé de son côté le commissaire européen Peter Mandelson.

Lors de sa rencontre avec les pays émergents, le responsable européen de a déclaré que l’UE devait rapprocher son offre de réduction des droits de douane agricoles des exigences du G20 et que l’Europe était prête à améliorer son offre en matière de subventions intérieures.

La représentante américaine pour le Commerce Susan Schwab n’a fait aucune nouvelle ouverture tout en réitérant l’engagement des Etats-Unis en faveur d’un “résultat solide, ambitieux et équilibré du cycle de Doha”.

L’intransigeance américaine en matière de réduction des subventions intérieures à l’agriculture est considérée par ses partenaires comme le principal facteur de blocage.

Mme Schwab a évoqué “l’obligation collective et un effort collectif” nécessaires de la part des pays de l’OMC pour faire avancer les négociations sur l’agriculture comme sur les produits industriels et les services. Le cycle de Doha “est le cycle du développement et le développement c’est l’accès au marché”, a-t-elle déclaré.

A quoi le ministre du commerce du Bengladesh Hafiz Uddin Ahmad, au nom des Pays les moins avancés (PMA), a répondu que la responsabilité de progrès des négociations commerciales “repose davantage sur les pays développés que sur les pays en développement”.

Le sentiment général à l’OMC est que les élections législatives américaines à mi-parcours de novembre empêchent une reprise rapide des négociations. D’autre part, les pays de l’OMC disposent de quelques mois seulement pour définir les contours d’un accord, avant l’expiration de l’autorisation de négocier donnée par le congrès américain au gouvernement le 1er juillet.

 10/09/2006 22:55:28 – © 2006 AFP