L’Opep en marche vers le statu quo sur fond de net recul des cours

 
 
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Les pays membres de l’Opep

[10/09/2006 16:59:11] VIENNE (AFP) L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) va examiner de près le recul des prix du pétrole, tombés au plus bas depuis cinq mois, mais ne semble pas s’en inquiéter au point d’opter pour une baisse de son plafond de production lors de sa réunion lundi.

La plupart des ministres, dont leur chef de file, le Saoudien Ali al-Naouïmi, se sont déjà prononcés plus ou moins directement pour un maintien du plafond de production à vingt-huit millions de barils par jour (mbj), conformément à ce qu’attendent les analystes. Ce niveau n’a pas été modifié depuis juillet 2005.

A en croire le ministre de l’Energie du Qatar, Abdallah ben Hamad Al-Attiyah, le cartel n’a d’ailleurs “pas d’alternative” au maintien du plafond pour cette réunion.

“Je pense que c’est ce qui va se passer, à moins que quelqu’un ait une autre proposition, mais je n’en ai pas entendu parler”, a-t-il déclaré à des journalistes à son arrivée à Vienne.

Certes, les cours ont fortement reculé au cours de la semaine qui vient de s’écouler, et à quelque 66 dollars le baril à New-York, ils sont à leur plus bas niveau depuis début avril.

Mais l’avis qui semble prédominer parmi les onze pays du cartel est qu’il s’agit davantage d’une correction bienvenue que du début d’un retournement de marché susceptible de mettre en péril les recettes pétrolières dont ils vivent.

Le ministre saoudien a indiqué qu’il était “très satisfait” de la situation actuelle. Son homologue des Emirats Arabes Unis, le ministre de l’Energie Mohammad ben Zaën al-Hameli s’est dit “réjoui” de voir “les prix en voie de modération”. L’Opep “aime à voir (les cours) sous les 70 dollars”, a-t-il dit.

Seule voix discordante, celle du président de l’Opep, le secrétaire d’Etat nigérian aux ressources pétrolières Edmund Daukoru, qui s’est dit “très préoccupé parce que nous ne savons pas jusqu’où (les prix) vont aller”.

Il a rappelé que l’Opep, pressée de répondre à l’essor de la demande mondiale et aux divers crises géopolitiques, produisait au-dessus de son quota depuis la mi-2003.

“Cela ne peut pas continuer indéfiniment”, a-t-il dit, indiquant qu'”il est vraiment temps pour l’Opep d’examiner les fondamentaux”, c’est-à-dire l’état réel de l’offre et de la demande de brut.

“Chaque fois que nous avons voulu revoir (la position de l’Opep) à cause de la situation géopolitique, nous avons remis cela à plus tard et nous sommes plus ou moins en pilotage automatique. Nous allons devoir reprendre les commandes manuelles”, a-t-il déclaré, laissant présager des discussions animées lors de la réunion.

Pour les analystes, si la réunion de lundi apparaît déjà jouée, ce n’est pas le cas de celles à venir, car l’incertitude est forte quant à la vigueur de l’économie mondiale l’an prochain et donc de sa demande de pétrole, alors que la locomotive américaine donne déjà des signes d’essouflement.

Jason Schenker, analyste de Wachovia présent en marge de la réunion de l’Opep, juge d’ailleurs qu’il existe une “probabilité non négligeable” que le cartel se réunisse plus tôt que prévu (la prochaine réunion est prévue début décembre à Abuja, au Nigeria) pour le cas échéant changer le cap de sa politique et abaisser le quota.

L’évolution des cours dépendra en grande partie de l’orientation que prendra le dossier nucléaire iranien, mais son dénouement ne semble pas imminent: une réunion de la dernière chance à Vienne entre le négociateur en chef iranien Ali Larijani et le haut représentant de l’UE pour la politique extérieure Javier Solana s’est achevée dimanche après-midi à Vienne sur l’annonce de “progrès” et de nouvelles discussions la semaine prochaine.

 10/09/2006 16:59:11 – © 2006 AFP