Les réassureurs adoptent une gestion plus prudente du risque après Katrina

 
 
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Montage photo montrant une rue de La Nouvelle-Orléans le 12 juillet 2006 (haut) et le 31 août 2005, après le passage de Katrina

[10/09/2006 14:31:59] MONACO (AFP) Le congrès annuel de la réassurance, qui débute dimanche à Monte-Carlo, devrait montrer que le secteur a encaissé le choc d’une année 2005 record en termes de catastrophes naturelles, en tête desquelles l’ouragan Katrina, mais en a tiré les leçons, notamment en réduisant son exposition aux Etats-Unis.

Le secteur “s’est montré extrêmement résistant bien que l’année 2005 ait été la plus lourde jamais enregistrée en termes de catastrophes assurées”, a ainsi commenté l’agence de notation Fitch mardi en maintenant sa perspective pour le secteur à “stable”.

Sa concurrente Moody’s lui a emboîté le pas jeudi, estimant que les “réassureurs affichent en majorité des bilans solides ainsi que des bons résultats”. La perspective de l’agence Standard and Poor’s pour le secteur se situe également à “stable” actuellement.

Paradoxalement, le secteur est peut-être aujourd’hui “dans une position plus solide qu’avant le passage des ouragans Katrina, Rita et Wilma”, affirme Fitch.

Les agences de notation comme les courtiers estiment que les réassureurs ont généralement tiré les leçons du passage des trois cyclones il y a un an dans le sud des Etats-Unis, qui ont coûté 65 milliards de dollars aux assureurs.

Ils font désormais preuve d’une plus grande discipline en matière d’appréciation et de gestion des risques, et tendent à réduire leur exposition aux zones à risque dans le sud des Etats-Unis, quitte à sacrifier un peu de part de marché.

“Dans ces zones, il va être très difficile de trouver une assurance à un prix qui ne soit pas prohibitif. Il y a un risque que les zones côtières ne soient plus assurées”, remarque Olivier du Passage, directeur général de la réassurance pour la France d’Aon.

L’allemand Allianz est l’un des rares assureurs européens à encore être exposé aux catastrophes naturelles aux Etats-Unis. Les grands réassureurs européens comme Munich Re et Swiss Re le sont encore à travers leurs clients.

Conséquence de la série d’ouragans de l’an dernier, les réassureurs revoient largement leurs modèles de prévisions en prenant en compte des hypothèses d’événements plus graves et plus fréquents.

“Tous les modèles de simulation sont obsolètes, on ne peut avoir trois ouragans majeurs par an et dire que ce sont des événements exceptionnels”, remarque Olivier du Passage.

L’après-Katrina se caractérise aussi par une division du marché en deux modèles d’activité: les grands réassureurs européens très diversifiés, et les bermudiens, très spécialisés et sans réseau international, dont beaucoup sont nés pendant les dernières années, souligne M. du Passage.

Les assureurs réagissent quant à eux à l’offre réduite de réassurance disponible et à l’augmentation des tarifs en se réassurant moins sur certains risques, ou en ayant recours aux marchés financiers à travers des placements sophistiqués.

Les tarifs pour 2007 qui vont commencer à être négociés entre assureurs et réassureurs à partir de dimanche et jusqu’à mardi à Monte-Carlo devraient en effet continuer à augmenter, surtout aux Etats-Unis.

En Europe, où les catastrophes naturelles sont plus rares et de moindre ampleur, les augmentations devraient être plus mesurées. Selon une source sectorielle, la hausse ne devrait pas dépasser 5% pour les assureurs européens, contre environ 7% l’an dernier.

Les assureurs notent aussi que les négociations devraient être difficiles en réassurance automobile, car si la fréquence des accidents baisse, leur coût est en très forte augmentation, à cause des progrès de la médecine et de dommages et intérêts octroyés par les tribunaux de plus en plus importants.

“Les négociations ont abouti l’an dernier mais les franchises ont beaucoup augmenté”, note Olivier du Passage.

 10/09/2006 14:31:59 – © 2006 AFP