[11/09/2006 07:34:04] BAKOU (AFP) L’Ukraine milite pour un projet visant à livrer du pétrole de la mer Caspienne à l’Europe sans passer par la Russie, qui reste toutefois hypothétique Kiev peinant à rallier les pays producteurs tandis qu’un autre oléoduc vient d’être mis en service dans la région. Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko, déterminé à réduire la dépendance énergétique de son pays à l’égard de la Russie après la “guerre” du gaz qui les a opposés au début de l’année, a plaidé jeudi à Bakou pour ce projet. L’idée est d’inverser le flux de pétrole dans l’oléoduc Odessa-Brody qui relie Brody, près de la frontière ukrainienne avec la Pologne au port ukrainien d’Odessa sur la mer Noire et transporte aujourd’hui du pétrole russe. En inversant le flux, il pourrait acheminer du pétrole provenant de la Caspienne, riche en hydrocarbures, vers les marchés occidentaux à travers l’Ukraine. Le pétrole serait convoyé au préalable par bateau des pays producteurs de la Caspienne (Azerbaïjan, Kazahkstan) jusqu’à Odessa sur la mer Noire. “La question la plus urgente est la création d’une nouvelle voie de transport pour le pétrole de la Caspienne”, a affirmé M. Iouchtchenko à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan et fief pétrolier sur la rive occidentale de la mer Caspienne. Le président ukrainien est reparti à Kiev avec de vagues promesses mais sans engagement concret de la part de son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliev. “Aujourd’hui, l’Azerbaïdjan n’a tout simplement pas assez de pétrole et de gaz disponibles pour faire des promesses” de ce genre, relève Inglab Akhmedov, directeur du Centre d’observation des Finances publiques à Bakou. L’oléoduc a été construit à l’origine en 2002 pour réduire la dépendance énergétique de l’Ukraine, qui importe encore 90% de son pétrole de la Russie, mais il achemine finalement de l’or noir russe faute pour Kiev d’avoir réussi à trouver d’autres sources d’approvisionnement.
L’Azerbaïdjan vient en outre d’inaugurer une autre route pour acheminer ses hydrocarbures vers l’Ouest, l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) qui achemine directement le pétrole de la Caspienne jusqu’au terminal turc de Ceyhan, sur la Méditerranée, en passant par la Géorgie. Le BTC va d’abord être porté à sa pleine capacité, ce qui prendra plusieurs années, avant que Bakou ne se décide à avoir recours à un autre oléoduc, estiment plusieurs experts. Le Kazakhstan, un exportateur croissant de pétrole situé de l’autre côté de la mer Caspienne, en Asie centrale, pourrait être la clé de cet oléoduc Odessa-Brody. Le président kazakh, Noursoultan Nazarbaiev, a déclaré en mai que le pétrole kazakh pourrait transiter par ce tube, à condition d’en organiser le transport jusqu’en Azerbaïdjan. Dans ce cas, “nous pourrons commencer à envisager des livraisons sur le trajet Odessa-Brody”, estime M. Akhmedov. L’opposition grandit toutefois contre ce projet en Ukraine, où le président Iouchtchenko est confronté à un Premier ministre, Viktor Ianoukovitch, beaucoup plus tourné vers Moscou. “Le projet a ses partisans et ses adversaires en Ukraine,” souligne Volodymyr Saprykine, économiste au Centre Razoumkov de Recherche politique et économique à Kiev, ajoutant qu’une étude sur la faisabilité économique du projet, financée par la Commission européenne, doit être publiée dans les prochains mois. L’oléoduc, qui pourrait transporter 40 millions de tonnes de pétrole par an, serait un plus non seulement pour l’Ukraine comme l’Europe de l’Ouest, également de plus en plus dépendante de la Russie pour son pétrole et son gaz. Il a aussi le soutien des Etats-Unis qui encouragent l’intégration des pays de la région au sein du GUAM, organisation réunissant quatre ex-républiques soviétiques pro-occidentales (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan et Moldavie). |
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